Mireille Darc : Son enfance piétinée !

France Dimanche
Mireille Darc : Son enfance piétinée !

A l’occasion du premier anniversaire de sa disparition, le 28 août dernier, on découvre l’enfer des premières années de Mireille Darc dans un documentaire bientôt diffusé sur France 3.

Le 28 août 2017, on apprenait, avec une infinie tristesse, la disparition d’une très grande dame du cinéma français.

D’abord actrice, puis photographe et documentariste, immense artiste, Mireille Darc était aussi une femme meurtrie qui avait passé sa vie à tenter de guérir les plaies de son enfance.

Ces blessures, c’est la comédienne elle-même qui les évoque, dans le magnifique documentaire que vous pourrez voir sur France 3, le 24 août prochain.

Au travers de nombreux témoignages, tels ceux d’Anthony Delon et du mari de la « grande sauterelle », l’architecte Pascal Desprez, mais aussi d’images d’archives bouleversantes dont des interviews de la star, Mireille Darc, une femme libre nous offre ce bonheur précieux de passer, une fois encore, un long moment avec celle qui nous manque tant...

Terrorisée

À Toulon, où elle est née et a vécu jusqu’à la fin de son adolescence, Mimi s’ennuie.

Petite dernière – ses deux frères aînés ont déjà quitté la maison –, la fillette passe son temps à rêver, à parler à la nature et aux oiseaux, gardant le silence avec sa famille.

Elle supporte l’existence en se réfugiant le plus souvent possible sous un amandier, un arbre rassurant et protecteur qui l’aide à surmonter sa mélancolie.

Fille d’un horticulteur et d’une petite épicière, la jeune Mireille Aigroz, de son vrai nom, grandit donc, entre un papa et une maman qui peinent à boucler les fins de mois et n’ont guère le temps de s’occuper d’elle : « Mes parents m’ont eue assez tard, ma mère avait 38 ans, raconte la réalisatrice dans le reportage de la 3. C’étaient des parents âgés. J’étais seule à la maison, il n’y avait rien à faire... »

Hantée

Mais pire encore que cette solitude, véritable chape de plomb qui pèse lourdement sur les longues journées de la gracile petite fille, il y a la présence du père, un être qui, au cours de sa septième année, lui fera vivre l’une des pires tortures qui puisse être infligée à son enfant.

Ce jour-là, monsieur Aigroz appelle sa fille, la prend par la main et lui demande de le suivre au grenier.

Dans cette pièce surchauffée, sentant le bois et la poussière, il lui montre une corde.

Devant cet objet qui prend soudain une allure terrifiante et macabre, l’homme lui lance : « Voilà, je vais me pendre. Je vais mourir à cause de toi. Tu es responsable », raconte Mireille Darc.

Et de poursuivre : « Et là, je n’ai plus rien compris, je me suis mise à pleurer et je me suis accrochée à lui. »

Comme si revivre cette scène épouvantable était trop dur pour elle, l’ancienne âme sœur d’Alain Delon poursuit son récit à la troisième personne du singulier, le « je » est devenu « on », comme pour placer son traumatisme à distance : « On se sent coupable de tout et de rien, explique-t-elle alors. On ne veut surtout pas qu’il se pende, surtout pas. C’est terrible de faire ça à une enfant. »

Et de poursuivre : « J’ai 7 ans, je sens très bien que je suis un problème pour lui. » 

Comment cette petite fille peut-elle être un souci pour son propre père ?

Quel acte répréhensible a bien pu commettre cette gamine innocente et rêveuse, qui passe le plus clair de son temps à embellir son quotidien en s’imaginant une vie meilleure ?

La fragile fillette l’apprendra à ses dépens, comme le confie son biographe, l’écrivain Lionel Duroy : « Mireille a dit : “Devant la famille, il m’appelait la bâtarde". Ce qu’elle retient de son père, c’est à quel point elle a détesté cet homme et à quel point il l’a terrorisée, et combien il a gâché son enfance. »

Dans cette atmosphère glauque, Mimi peut malgré tout compter sur sa maman : « Ma mère a dormi avec moi, jusqu’à mes 15 ans, confie-t-elle encore. C’étaient des moments formidables, j’étais protégée par elle dans mon sommeil. »

Pourtant, malgré le soutien permanent de Gabrielle, cet épisode douloureux qui a marqué ses jeunes années la hantera tout au long de son existence.

Et, pour son malheur, Mireille ne saura jamais si celui qui a finalement renoncé à se donner la mort sous ses yeux d’enfant était véritablement son géniteur.

Marin

« Dans les dernières années de la vie de ma mère, je lui en ai parlé, en lui disant : “Regarde : je ne lui ressemble pas, je n’ai rien de commun avec lui, ce n’est pas possible que ce soit mon père, donc, dis-moi la vérité, ce n’est pas un problème, au contraire !"

Ma mère s’est fâchée contre moi, elle m’a dit : “Je ne veux pas que tu parles comme ça, tu te rends compte ? Comment peux-tu dire des choses pareilles ?" Mais je sentais à l’intérieur de moi qu’il y avait quelque chose qui ne collait pas. »

Bien des années plus tard, cette passionnée d’astrologie publiera chez XO éditions, Mon père, une autobiographie dans laquelle elle relate notamment sa rencontre avec une journaliste se prétendant médium, qui lui assure que son père biologique s’appelait Edmond.

Marin sur le cuirassé Amiral-Charner, il serait mort en Indochine durant la Seconde Guerre mondiale...

Plus tard, durant ces années noires, c’est un cadeau qui la sauvera de Toulon, de ce père tant détesté et de son terrible ennui !

Celui que son frère Maurice lui offrira avec sa première solde de militaire envoyé en Indochine : un vélo !

Cette bicyclette lui permettra, à l’âge de 15 ans, de s’échapper de son quotidien et d’aller seule faire de longues balades en ville.

C’est ainsi qu’elle s’inscrira au conservatoire où elle apprendra la danse et le théâtre.

Elle en sortira avec un prix d’excellence et de remarquables recommandations de ses professeurs.

Des honneurs qui la pousseront à quitter la Côte d’Azur pour « monter » à Paris, et devenir la star que l’on sait...

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Clara MARGAUX

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