Mylène Farmer : Elle aime les singes plus que les hommes

France Dimanche
Mylène Farmer : Elle aime les singes plus que les hommes

Elle n’a jamais fait mystère de son amour des animaux. Comme de nombreux enfants, l’artiste Mylène Farmer a d’abord rêvé d’embrasser la carrière de vétérinaire. Mais, en grandissant, elle est restée fidèle à cette vocation.

Au point qu’adolescente, Mylène Farmer ne songeait pas à devenir chanteuse et nourrissait un tout autre projet : « Elle avait d’abord espéré ouvrir un centre équestre pour handicapés. Comme c’était trop compliqué, elle s’est tournée vers le spectacle et s’est inscrite au cours Florent pour devenir actrice », nous a confié Alain Wodrascka, son biographe, auteur de Mylène Farmer, carnets de voyages, qui vient de paraître aux éditions Michel Lafon.

Car les chevaux ont été le premier amour de l’interprète de Libertine, qui s’est mise à l’équitation dès son arrivée en France, à l’âge de 8 ans. « Quand j’avais 16-17 ans, je suis partie en stage près de Saumur, la ville du Cadre noir, pour passer l’examen qui aurait fait de moi une instructrice, nous avait-elle confié en 1986. J’avais même obtenu une dérogation de la fédération en raison de mon âge mais, finalement, je ne suis pas allée jusqu’au bout. Peut-être un jour... »

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Preuve que Mylène avait alors les pieds sur terre malgré son succès naissant, elle ajoutait : « Honnêtement, si la chanson devait s’arrêter, j’aimerais assez me lancer dans un métier où l’on s’occupe d’animaux. »

Un an avant d’accorder cette interview, cette amie des bêtes avait adopté un compagnon pour le moins inattendu : une guenon capucin baptisée E.T., que la belle rousse avait acheté avec l’argent gagné grâce à son hit Maman a tort, expliquait-elle dans Girls. Certains crurent alors que c’était pour elle une façon de cultiver son image d’excentrique.

Ce que conteste totalement Alain Wodrascka : « Son affection pour son singe n’avait rien de calculé, ce n’était pas une posture de diva, ce petit animal n’était pas un accessoire de mode. Elle vivait avec lui avant même d’avoir trouvé son personnage de chanteuse mystérieuse, tiraillée entre Éros et Thanatos, l’amour et la mort. » Peut-être était-ce pour elle une forme d’hommage à son chanteur préféré, Léo Ferré, qui s’était pris de passion pour Pépée, une femelle chimpanzé.

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Mais le biographe a une tout autre interprétation, lui qui connaît mieux que personne cette artiste qui, en dehors de son indéniable talent, a ce caractère tourmenté qui fascine aussi ses fans. À l’entendre, c’est parce qu’elle n’est pas toujours à l’aise dans la compagnie des hommes, se trouvant laide et différente, que Mylène a choisi de vivre avec E.T., qui l’accompagnait partout, ce qui en choquait certains.

« Elle aimait bien parler de son petit protégé, précise Alain Wodrascka, et n’a pas toujours été comprise. Je pense en particulier à une Carte blanche à Marie Laforêt. Dans cette émission, on voit une Mylène, l’air effarouché, faire part à la fille aux yeux d’or de son affection pour son singe capucin, qu’elle soigne et qu’elle cajole. “Ça occupe !" lui lance alors l’interprète de Viens, viens, avec l’humour pince-sans-rire qu’on lui connaît. »

Une relation entre le petit animal et sa maîtresse décrite par la photographe Elsa Trillat : « On passe des journées entières chez elle, rue Quincampoix, assises par terre à manger des hamburgers en sirotant du Coca, à regarder la télé et, surtout, à refaire le monde, avec E.T. sur sa tête qui joue avec ses cheveux. On lui donne des feuilles et des stylos, et il fait des dessins. Il est incroyable ce singe, il sait même reboucher les feutres ! Je devrais dire “elle" puisque c’est une fille ! »

Une incroyable et tendre complicité qui s’achève le 1er janvier 2011, lorsque E.T. rend son dernier souffle. Mylène est dévastée par le chagrin et, dans son album sorti l’année suivante, elle dédie un titre à l’amour de sa vie : Monkey me. Évoquant cette chanson lors du JT de 20 heures de TF1, en décembre 2012, Mylène racontait toutes les joies partagées avec sa confidente pendant un quart de siècle : « J’ai d’abord forcément pensé à mon petit singe avec qui j’ai vécu plus de vingt-cinq ans. Et je pensais à son côté facétieux, son côté enjoué. »

Cette affection pour celle qui était à ses yeux bien plus qu’un primate met en exergue toute la fragilité de la chanteuse et, d’une certaine façon, la rend plus humaine. Car sa plus belle idylle, c’est avec E.T. qu’elle l’a vécue. Et l’on peut même se demander si, paraphrasant Pierre Desproges, Mylène Farmer ne se dit pas parfois : « Plus je connais les hommes, plus j’aime mon singe. »

Dominique Préhu

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