Nicolas Bedos : Il a aidé son père à mourir !

France Dimanche
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Un an après le décès du grand humoriste, Nicolas Bedos révèle comment il a respecté ses dernières volontés en le faisant euthanasier…

Il y a un an, Guy Bedos s'éteignait à l'âge de 85 ans, après un long combat contre la maladie d'Alzheimer. « Je n'attendrai pas d'être gâteux, d'être une charge pour tout mon entourage. J'ai décidé de décider moi-même de mon départ », avait-il prévenu en 2017 dans les colonnes de Nice-Matin, bien avant sa mort, en fervent partisan de l'euthanasie. Guy Bedos qui appartenait à l'association ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) souhaitait disparaître... comme il l'entendait.

« J'ai déjà choisi mon médecin “assassin", dont je ne dirai pas le nom mais qui va m'aider à partir, en France. » En attendant l'intervention de ce praticien, il avait « fait une grève de la faim pour que ça s'arrête, que cette confusion mentale cesse », expliquait sa fille Victoria juste après sa mort. « Avril 2020. Il a du mal à respirer. Il ne mange plus depuis des semaines, la maladie, le confinement, la confusion », se souvient encore son fils Nicolas Bedos dans un texte déchirant paru dans L'Obs. Avec beaucoup d'émotion, le réalisateur de 42 ans raconte le supplice des derniers jours de son papa, mais aussi le douloureux cas de conscience que cette décision radicale a posé à ses proches. Confirmant que son père « voulait mourir autrement », Nicolas lève le voile sur ce terrible « secret » de famille.

Car il a bien voulu aider son père à mourir ! Alors qu'il le voit agonisant, Nicolas contacte le médecin mandaté par l'humoriste afin qu'il abrège ses souffrances. Mais le fameux « docteur T » ne répond pas. À cran, il assiste impuissant à l'agonie de son célèbre géniteur et se tourne alors vers un autre médecin, qui lui envoie « une ordonnance de Rivotril, un antiépileptique couramment utilisé dans ces cas-là. Ça se pratique tous les jours. » « Par contre, je dois la faire à votre nom, vous direz au pharmacien que vous souffrez d'insomnie chronique », précise le docteur. « Et s'il y a une enquête ? », lui demande Nicolas. « Il n'y en aura pas. Croyez-moi. Votre père est en fin de vie, il y a une tolérance tacite. Par contre, pensez bien à vider entièrement le flacon dans sa bouche. » Grâce à cette ordonnance, Nicolas se fait délivrer un flacon de ce médicament surpuissant habituellement prescrit contre l'épilepsie et certaines douleurs neuropathiques mais qui « permet aussi », comme le confirmait récemment dans La Voix du Nord le Docteur Franck Roussel, secrétaire général de l'ordre des médecins du Nord, « la sédation continue et profonde » afin « de soulager les patients en fin de vie ».

Depuis la publication du décret du 28 mars, qui autorise notamment la prescription du Rivotril sous forme injectable aux malades du Covid-19 « dont l'état le justifie », ce médicament, se retrouve au centre de discussions houleuses sur les soins palliatifs et l'aide médicale à mourir. « On reste dans le cadre de la loi du 2 février 2019 sur la fin de vie », expliquait dans ce même quotidien Jérôme Robillard, du site Hospimedia. Une loi qui instaure notamment un droit « à la sédation profonde et continue jusqu'au décès » pour les personnes dont le pronostic vital est engagé à court terme. « Je me revois sur mon scooter, me rendant à la pharmacie pour acheter la mort de l'homme que j'aime le plus au monde », poursuit le réalisateur d'OSS 117.

Mais après avoir récupéré le médicament, il reçoit enfin des nouvelles du « docteur T. » qui se rend au chevet du malade deux jours plus tard. Il trouve alors Guy Bedos encore trop conscient pour pouvoir être euthanasié et annonce à Nicolas qu'il reviendra le lendemain afin de procéder au geste fatal. « La nuit suivante sera la dernière. Longue. Bouleversante. Le lendemain, le flacon est plein. Mon père n'en a pas eu besoin pour offrir à son médecin l'état somnolent apparemment nécessaire à une intervention – qui eut lieu vers 17 heures », écrit Nicolas.

Même si Guy Bedos est parti sans avoir eu recours au Rivotril que s'était procuré son fils, ce dernier déplore que son père ait dû attendre aussi longtemps pour qu'on abrège ses souffrances. « Il aura donc fallu qu'il baisse entièrement le rideau et ne pèse plus que quelques kilos pour que la société daigne choisir “le jour et l'heure" », regrette-t-il. Avec ses mots forts, Nicolas qui partage depuis longtemps les idées de son regretté père sur cette « envie de débrancher » risque de remettre une fois encore la délicate question de l'euthanasie au cœur des débats en France...

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Valérie EDMOND

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