Dans Speakerines, un livre paru aux éditions du Rocher, Olivier Minne retrace le parcours des nombreuses femmes, et quelques rares hommes, qui ont marqué l’histoire de la télévision jusqu’en 1993. De Jacqueline Joubert, qui l’a formé et lui a donné sa chance quand il avait à peine 23 ans, à Denise Fabre, en passant par Valérie Maurice, Catherine Ceylac, Évelyne Dhéliat, ou encore Thierry Beccaro, l’animateur revient sur ces figures d’un métier disparu.
France Dimanche : En 1996, vous aviez déjà sorti un livre consacré aux speakerines (La saga des speakerines, chez Michel Lafon). Qu’y a-t-il de plus dans ce nouvel ouvrage ?
Olivier Minne : Le thème est le même, mais les deux livres n’ont rien à voir. Dans le premier, je m’étais effacé, jouant le rôle d’un simple narrateur, très neutre. Or j’ai été formé par Jacqueline Joubert, la première speakerine de la RTF, et j’ai été le dernier à présenter les programmes sur Antenne 2. J’avais donc, il me semble, toute légitimité pour raconter l’histoire de ces femmes et de ces hommes en m’engageant davantage.
FD : Lesquels vous ont le plus marqué ?
OM : Je dois tout à Jacqueline Joubert. Cette femme a changé ma vie. C’est elle qui m’a appris le métier et mis à l’antenne en 1990. J’essaie d’appliquer encore aujourd’hui certains de ses conseils. Notamment celui de ne pas rire de soi. Il m’arrive parfois de la sentir derrière moi, prête à me taper sur les doigts. Il y avait presque une relation mère-fils entre nous. Je n’ai pourtant aucun besoin de mère de substitution. La mienne, qui vit aujourd’hui à Bruxelles, est une maman fantastique. Par ailleurs, Valérie Maurice et Marie-Ange Nardi sont restées de bonnes copines. Elles sont comme deux sœurs pour moi. J’ai aussi noué sur le tard des liens très étroits et très forts avec Catherine Langeais. J’ai eu la chance qu’elle m’accueille chez elle régulièrement pour discuter de longues heures. J’ai ainsi pu la soutenir jusqu’à la fin de sa vie. C’est à cette occasion qu’elle m’a fait quelques confidences au sujet de sa relation avec François Mitterrand, qu’elle avait connu bien avant qu’il ne devienne président de la République.
FD : Quel genre de confidences ?
OM : On savait certes déjà qu’ils avaient été ensemble de 1938 à 1942, mais j’ai eu l’honneur de lire quelques-unes des deux mille lettres qu’il lui avait envoyées, bien avant que certaines ne paraissent dans un grand hebdomadaire, après sa mort. En plus de cette correspondance, Mitterrand lui envoyait depuis 1940 un bouquet de roses à chaque anniversaire et lui passait au moins un coup de fil par mois jusqu’à son décès. Elle m’a en outre confié un détail plus intime. « Si je dois être honnête, mais cela reste entre nous, m’a-t-elle révélé, intellectuellement, c’était parfait, mais physiquement, c’était pas ça ! » C’est fou d’apprendre ceci à propos d’un homme qui aura été par la suite un véritable bourreau des cœurs... J’ai éclaté de rire quand elle me l’a dit, et elle était contente de son effet.
FD : Pensiez-vous à vos débuts en tant que « speakerin » devenir un jour le célèbre animateur que vous êtes aujourd’hui ?
OM : Non, et je n’y songeais même pas. À l’époque, j’étais attiré par le théâtre. J’avais quand même commencé des études de droit à Bruxelles, alors il fallait bien que je gagne un peu d’argent. Je me suis retrouvé un peu par hasard homme à tout faire, à servir des cafés dans les bureaux d’une télévision belge, parce que ce milieu m’intriguait. J’ai ensuite débarqué en France, et fini par occuper les mêmes fonctions à Antenne 2 où j’ai croisé la route de Jacqueline Joubert, qui décida de me faire présenter les programmes.
FD : Vous semblez avoir eu un certain plaisir à narrer des histoires que vous n’avez pas vécues...
OM : Je prends ça comme un compliment ! Il est vrai que j’ai pris goût à l’écriture assez tôt. J’ai commencé en tapant sur la machine à écrire de mon grand-père des contes pour ma petite sœur quand j’avais à peine 11 ans. Quarante ans plus tard, je me découvre pour de bon l’âme d’un modeste écrivain. Je prépare d’ailleurs mon premier roman pour l’année prochaine. Et même si mon style est loin d’être parfait, je prends beaucoup de plaisir à faire ce nouveau métier.
FD : Entre l’écriture et l’enregistrement de vos émissions Fort Boyard, Joker, Tout le monde a son mot à dire, votre emploi du temps semble bien chargé.
OM : Je le gère comme je peux, mais ce n’est pas non plus insurmontable. Je fais certes beaucoup d’allers-retours entre Los Angeles, où je vis et j’écris, et Paris où j’enregistre la plupart des émissions. Mais, malgré les apparences, je ne suis pas surchargé de travail. Je me suis trouvé un rythme de vie plutôt équilibré.
FD : Pour quelle raison avez-vous choisi de vivre à Los Angeles ?
OM : Je suis parti là-bas en 2002. C’était une période de mon existence où je me posais beaucoup de questions sur mon métier. J’étais plein de doutes car je ne faisais plus rien à l’antenne. J’ai alors repris des cours de théâtre sur place, avec l’espoir de réaliser mon rêve de gosse. J’ai finalement obtenu un statut de résident en 2010. Pour le moment, j’y suis bien, mais rien ne dit que je ne reviendrai pas un jour en France ou en Belgique, où vit encore ma famille. Je suis très fier de mes racines. Et si je ne l’ai jamais vraiment mis en avant, c’est parce que, quand j’ai commencé sur Antenne 2, il ne fallait pas que cela se sache puisque j’avais été engagé de manière illégale. Je n’avais pas de permis de séjour. Ce n’était pas terrible, surtout pour une chaîne publique ! Mais je peux l’avouer aujourd’hui, il y a prescription. Du moins, je l’espère [rires] ! De là à ce qu’on me reconduise à la frontière...
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