Patrick Roy : Un animateur en or

France Dimanche
-BESTIMAGE

Disparu du petit écran mais pas des cœurs depuis près de trente ans, ce présentateur fut l'un des plus populaires dans les années 80. Il aurait 70 ans.

Comment oublier cet animateur au physique de jeune premier, sourire étincelant et brushing à la Ringo ? Ce chéri des ménagères qui se détachait du fond plat des décors aux couleurs criardes des jeux phares de TF1 dans les années 80 aurait célébré ses 70 ans ce 17 avril 2022. L'animateur a fait les beaux jours de TF1 avec les émissions Une famille en or, Le Juste Prix ou encore Intervilles.

Quand il décède des suites d'un cancer le 18 février 1993, l'hommage de la chaîne, au cours de son journal de 20 heures, atteint le record d'audience avec près de 18 millions de téléspectateurs. Les parents de l'animateur croulent sous les gerbes de fleurs envoyées par des fans inconsolables. Les magazines de télévision en font tous leurs couvertures et les gazettes, leurs choux gras. Patrick Roy, qui n'avait jamais fait l'objet d'un tel engouement malgré sa notoriété, bénéficie alors d'une véritable gloire posthume.

De son vrai nom Patrick Boyard, il naît le 17 avril 1952 à Niort, dans le marais poitevin, lové entre terre et mer. Son père est professeur de gymnastique et entraîneur de tennis. Il est à l'origine des écoles de tennis en France et de la création des lycées sport études. Il est même directeur technique adjoint de la Fédération française de tennis.

C'est aux portes de Poitiers, dans le décor enchanteur du château de Boivre et son écrin de verdure qui abrite le Centre régional d'éducation physique et sportive (Creps), où travaillent ses parents, que Patrick passe les primes années de sa jeunesse. À 7 ans, comme il n'éprouve qu'une faible dilection pour le sport, le directeur du Creps lui offre sa première guitare.

Rêvant de brûler les planches, il simule des émissions de radio dans sa chambre. À 9 ans, suite à un oubli de rappel de vaccin, il frôle la mort. Une erreur qui lui vaut d'être paralysé 15 jours. Les médecins diagnostiquent la polio. Il en garde une certaine gêne pour courir.

Chauffeur de Sheila Après des études à l'École française d'attachés de presse (EFAP), dont il sort diplômé en 1976, il enchaîne les petits boulots, dont chauffeur de Sheila. Sa bonne humeur et son sourire enjôleur le font vite remarquer. D'abord standardiste sur RTL dans l'émission Les routiers sont sympas qu'anime Max Meynier, il se fait la voix sur RMC en remplaçant Julien Lepers dans son Hit-Parade. Il prend le pseudonyme de Patrick Roy. Dans les années 80, il carbure à plein pot sur la station et anime Vanille-Fraise, puis L'Âge d'or des tubes, avec Dick Rivers, et Destination bonheur. Assouvissant sa passion pour la musique, il sort en 1985 un 45 tours : J'veux tout ça.

Écran total Fort logiquement, la télévision lui fait les yeux doux. C'est en 1987 sur TF1 qu'il surgit, où il remplace Éric Galliano dans l'émission Les Grandes Oreilles et Max Meynier, malade, à la présentation du Juste Prix en 1988. Il crève les plafonds de l'Audimat. Sourire carnassier, clin d'œil facile, veste crème sur chemise rose, toujours cravaté, Patrick Roy n'a pas le profil du déboulonneur. Sur son plateau à la déco Apéricube, idéale à l'heure du cure-dent olive-amande, l'animateur n'est pas du genre à se prendre au sérieux. Pourtant, avec son humour tendre et son envergure pateline de bon vivant qui suscite la sympathie, il aimante vite les téléspectateurs en masse et devient une des locomotives de la chaîne avec Jean-Pierre Foucault et Dorothée.

Premier de la place Il collectionne les couvertures de Télé 7 jours, la référence à l'applaudimètre. La France plébiscite le cador du petit écran. En 1990, à raison d'un samedi par mois, il coanime avec Christian Morin et Philippe Risoli Succès fous sur une idée de Guy Lux. Cette émission lui permet d'assouvir sa passion du spectacle, de courtiser la comédie et de croquer la fantaisie en se déguisant, comme il le faisait plus jeune dans le grenier de sa grand-mère. La présentation d'Une famille en or lui autorise de gagner définitivement ses galons de commandeur du petit écran avec deux jeux quotidiens. Cette dernière émission est notamment le théâtre d'une célèbre supercherie orchestrée par Patrick Sébastien, venu le piéger pour Le Grand Bluff. Lors de l'été 1991, il présente même Intervilles aux côtés de Guy Lux, qui lui vaut d'être véritablement propulsé dans le tintamarre du landerneau télévisuel. Tout semble se dérouler comme dans une vallée de lait et de miel.

Sur son plateau à la déco Apéricube, il n'est pas du genre à se prendre au sérieux...

Mais à l'été 1992, il est pris de violents maux de dos. Le couperet tombe. Cancer des os (dont on saura plus tard qu'il est dû aux cellules malignes de son pancréas qui ont proliféré). Dès lors, le temps s'accélère et biffe sans pitié les mois qui le séparent de la grande faucheuse. Les jours se décolorent. Sa silhouette devient fragile, ses cheveux s'effilochent, ses iris se perdent dans les étoiles. Ses parents et Jean-Pierre Foucault, mis dans la confidence, se gardent de lui dire la gravité de son mal. Ironie du sort, Patrick Roy avait toujours pris soin de sa santé, coécrivant même en 1992 un livre de vulgarisation médicale.

C'est de sa chambre d'hôpital, à Villejuif, qu'il donne de ses nouvelles. « Le tissu osseux de deux de mes vertèbres cervicales est enflammé. Il a fallu tenter une greffe », affirme-t-il, ajoutant : « Quand j'irai mieux, je me raserai. » Étienne Mougeotte, le vice-président de TF1, vient à son chevet, où Pierre Douglas s'évertue aussi à susciter son rire en grelot.

Sa compagne insiste pour lui faire passer une semaine dans son appartement du Trocadéro, mais ses forces s'amenuisent. À bout de souffle, il s'éteint le 18 février 1993. Il allait avoir 41 ans et épouser Karine, son grand amour.

A lire aussi

Dominique PARRAVANO

En vidéo