Patrick Sabatier : Avec lui les sexas se mettent à table !

France Dimanche
Patrick Sabatier : Avec lui les sexas se mettent à table !

Parce que Patrick Sabatier n’a pas très bien vécu son 60e anniversaire, l’animateur a voulu savoir quel effet ce cap difficile avait produit sur vingt célébrités françaises...

La chose s’est produite le 12  novembre 2011 : en ce lendemain de commémoration d’armistice, Patrick Sabatier a eu 60 ans ; et lui-même avoue, dans l’introduction de son dernier livre*, qu’il ne l’a pas très bien pris ! Certes, il n’est pas le seul à avoir fait la grimace en franchissant ce cap. En revanche, c’est bien à lui que revient l’idée d’être allé demander à d’autres « jeunes » sexagénaires célèbres comment ils avaient vécu ce moment et les leçons qu’ils en tiraient.

Le livre de Patrick Sabatier est composé de ces vingt entretiens, menés avec talent. Parmi eux, seulement trois femmes, Roselyne Bachelot, Françoise Laborde et Anny Duperey : ces dames n’aiment pas trop parler de leur âge, surtout quand il commence par un six...

Fixation

Alors, ça fait quoi d’avoir 60 ans ? Tous s’accordent à dire que devenir sexagénaire, c’est entrer dans la vieillesse, un phénomène que Bernard Le Coq résume avec humour : « Quand on est jeune, les mauvaises nouvelles viennent généralement de son banquier. À partir de 60 ans, elles viennent plutôt de son médecin. »

Les plus jeunes m’objecteront qu’après tout on n’est pas vraiment plus vieux à 60 ans qu’à 59, et que tout ça c’est surtout « dans la tête ». Eh bien non, pas seulement. Parmi les interviewés de Patrick Sabatier, il en est au moins trois qui font une fixation sur une chose qui ne peut arriver qu’après le soixantième anniversaire : la carte Senior de la SNCF !

Fixation positive chez Gilbert Montagné : « Comme je suis du genre à voir le bon côté des choses, je me dis qu’il y a plein d’avantages à devenir sexagénaire. Par exemple, je me suis éclaté en allant chercher ma carte Senior à la SNCF, juste pour le fun. »

Un point de vue optimiste que ne partagent ni Guy Carlier, 65 ans, ni François Berléand, 62 : « Quand j’ai fait ma tournée pour Ici et maintenant, mon régisseur me demandait ma carte Senior, et je n’aimais pas du tout ça », affirme le premier. À quoi le second fait écho : «C’est drôle, parce que les gens sont gentils et vous disent toujours que vous ne changez pas, mais il arrive tout de même un moment où le régisseur d’une tournée théâtrale vous demande si vous ne voudriez pas prendre votre carte Senior pour faire faire des économies à la production. »

Mais François Berléand, puisqu’on parle de lui, possède ce qu’il y a de mieux pour faire barrage à la vieillesse, de même que Jean-Marie Bigard : tous deux sont les heureux papas de très jeunes jumeaux ou plutôt des jumelles dans le cas de Berléand, Adèle et Lucie : «Elles m’ont permis d’aborder la soixantaine dans la bonne humeur, affirme l’heureux père. Avoir des jumelles à presque 60 ans, ça donne à la fois un coup de jeune et un coup de fatigue. »

Avec la venue de Bella et Jules, Bigard a forgé la volonté de rester avec eux le plus longtemps possible : « Si je les accompagne jusqu’à leur majorité, ce sera déjà formidable ! Et je vais tout faire pour, en m’entretenant et en n’étant addict à rien, sauf au boulot. »

Jean-Pierre Pernaut serait plutôt de l’avis de Berléand : « J’ai la chance d’avoir deux enfants âgés de 10 et 11 ans qui m’obligent à garder le rythme d’un quadragénaire. » De toute façon, le journaliste a abordé les soixantièmes mugissants sans même y penser, car son angoisse à lui, c’est le chiffre 5 : « Quand j’ai eu 54 ans, je me sentais encore quinquagénaire, explique-t-il à Patrick Sabatier, mais le jour de mes 55 ans, je me suis senti proche des 60, et je ne l’ai pas bien vécu. »

C’est ce qui s’appelle anticiper la soixantaine ! Dans ce domaine, le champion est Francis Perrin : lui, sa crise, il l’a faite à... 30 ans ! « Avoir 60 ans ne m’a posé aucun problème, dit-il, mais j’ai très mal vécu le cap des 30 ans qui sonnait la fin de la jeunesse et de son insouciance. » Mais lui aussi rejoint Berléand, Bigard et Pernaut, pour dire qu’avoir de jeunes enfants est, pour un sexagénaire, une vraie fontaine de jouvence.

Comme nous n’avons donné la parole qu’aux hommes, nous laisserons le mot de la fin à l’une des trois femmes de ce livre, Anny Duperey, qui cite une jolie réplique de Danielle Darrieux : « À une journaliste qui lui disait, très maladroitement, “lorsqu’on a été si jolie, si merveilleuse, ça doit être terrible de se voir vieillir", elle a répondu : “Madame, ce qui est terrible, c’est de mourir jeune et belle. Vieillir est un privilège." »

Que voulez-vous ajouter à cela ?

"60 ans... Et alors ?" de Patrick Sabatier, aux éditions Michel Lafon

Didier Balbec

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