Régine : "Les Américains vont faire une série sur ma vie ! "

France Dimanche
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À 91 ans, Régine, la célèbre reine de la nuit, vient de se séparer d'objets qui ont marqué sa carrière. L'occasion de se confier en toute sincérité…

Des centaines de photos, reflets de ses rencontres avec de si nombreuses personnalités (de Charles Aznavour à Liza Minnelli, en passant par Françoise Sagan, Johnny Hallyday, Catherine Deneuve, Karl Lagerfeld, Stevie Wonder...), une quinzaine de couvre-chefs, mais aussi des robes en tous genres et de toutes marques. Des robes qu'elle « ne peut bien évidemment plus porter aujourd'hui », s'en amuse-t-elle. Régine, de son vrai nom Regina Zylberberg, a gardé son franc-parler teinté de formules de gentillesse : « J'aime beaucoup France Dimanche, nous a-t-elle confié. Je lis votre journal depuis toujours. » Et elle y parle aussi. L'occasion d'évoquer le bon temps, mais aussi, hélas, le moins bon...

France Dimanche : Qu'avez-vous ressenti en vous séparant d'objets témoins de votre longue carrière ?

Régine : Vous savez, à mon âge, on ne peut plus trop porter les choses que l'on mettait quand on était plus jeune. Alors, autant m'en débarrasser... Mes boas sont les seuls objets qu'il m'était impossible de céder. Quant aux photos avec les gens merveilleux que j'ai pu croiser sur mon chemin, tout au long de ma vie, elles ont pour moi une grande valeur émotionnelle, mais ça restait entassé dans la cave sous une épaisse couche de poussière. Je trouvais que c'était peut-être mieux de les rendre publiques. À un moment dans la vie, il est important de faire un grand nettoyage. Et ce moment est venu...

FD : N'avez-vous pas ressenti un déchirement de vous séparer de certaines pièces ?

R : Oui, pour certaines d'entre elles, je dois avouer que ça m'a fait un peu mal au cœur. Mais c'est comme ça, que voulez-vous ! Mieux vaut que ces photos servent à d'autres, plutôt que de finir dans l'oubli. D'autant qu'elles sont encore bien conservées ! Tout comme moi ! Car je trouve que je suis encore assez bien conservée pour mon âge ! [rires] Trêve de plaisanterie, j'ai la chance d'être toujours en assez bonne santé, mais nous ne sommes pas éternels. Je dois donc penser à ce qu'il va se passer plus tard. Cette vente aux enchères est de ce fait destinée à mes proches. J'ai une petite-fille qui a deux enfants [Léo, 3 ans, et Félix, né il y a quatre mois, ndlr], et c'est désormais ce qui compte le plus pour moi. Comme ils habitent en Angleterre, je ne peux malheureusement les voir qu'en vidéo sur mon téléphone. J'ai hâte d'être en mesure de les serrer à nouveau dans les bras et de faire enfin la connaissance du tout petit dernier...

FD : Comment vivez-vous cette période compliquée pour tout le monde ?

R : Moi qui ai souvent eu l'habitude de voir du monde, cela fait bizarre d'être isolée aussi longtemps. Car si j'ai eu la chance d'avoir été jusqu'à présent épargnée par ce satané virus, je ne le prends pas à la légère. Je fais même très attention ! Je respecte les consignes. Nous n'étions que six à table le jour de mon anniversaire [le 26 décembre dernier, ndlr]. Cela dit, concernant le vaccin, je ne suis pas vraiment pour. Je ne fais même pas celui de la grippe ! Il faut avouer que je n'aime vraiment pas les piqûres. Mais je souhaite néanmoins que tout le monde se vaccine et que ça marche. Et surtout que chacun fasse très attention. Tout cela prend une tournure tellement tragique. Quel dommage que nos jeunes ne puissent pas vivre une vie normale...

FD : L'année 2020 restera marquée aussi par la disparition de Maurice Bidermann, votre frère, décédé des suites d'une insuffisance cardiaque et respiratoire, à 87 ans...

R : Ça m'a véritablement dévastée. Maurice était un homme extraordinaire. Il était d'une si grande générosité. Je ne me remets toujours pas de son départ. D'autant que je n'ai pas pu assister à ses obsèques à cause du Covid. C'est terrible ! Je n'en aurais d'ailleurs pas parlé si vous ne l'aviez pas évoqué tellement ça me fait mal, encore aujourd'hui...

FD : Comment réussissez-vous à garder le moral ?

R : J'ai un projet énorme que je viens tout juste de signer lundi dernier. Ça me réjouit tellement ! Les Américains ont en effet eu l'idée de tourner une série télévisée sur ma vie. Ça va m'occuper un bon bout de temps, parce que je ne veux pas qu'ils fassent n'importe quoi.

FD : Quel regard portez-vous sur l'ensemble de votre vie ?

R : Je peux dire que j'ai eu une jeunesse plutôt difficile. Naître en 1929 n'est évidemment pas la meilleure des périodes pour découvrir le monde. J'avais à peine 15 ans quand la guerre s'est terminée, mais ça m'a appris à me battre et à devenir celle que je suis devenue, notamment une chanteuse qui a eu beaucoup de succès. J'ai été gâtée avec un répertoire de plus de 200 chansons, écrites par de grands auteurs. Mais ma réussite, aussi bien dans la musique que dans le monde de la nuit, je le dois à mon travail. J'ai tellement adoré travailler ! Je suis aussi très fière d'avoir fondé l'association SOS Drogue international, c'était en 1984. Je ne suis pas peu fière non plus d'avoir inventé la discothèque, et j'ai même été la première DJ ! Pas mal, non ?

FD : Et qu'aimeriez-vous que l'on dise de vous quand vous ne serez plus de ce monde ?

R : Que j'étais une sacrée bonne femme !

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Recueilli par Philippe CALLEWAERT

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