Le 30 octobre dernier, à Vienne, en Autriche, passage incontournable de sa tournée européenne, il avait pu donner une première représentation de Pagliacci, un opéra de Ruggero Leoncavallo que les amateurs de grandes voix connaissent bien... Sur les réseaux sociaux, Roberto Alagna s'était alors réjoui de pouvoir se produire, aux côtés de son épouse et partenaire, la soprano polonaise Aleksandra Kurzak, sur la scène prestigieuse du Wiener Staatsoper, situé en plein centre-ville de la capitale et haut lieu de la musique classique qui a vu défiler les plus grands artistes lyriques.
Mais son bonheur a, hélas, été de courte durée, assombri par la triste obligation de devoir stopper net ses spectacles dès le 3 novembre à cause du reconfinement que le gouvernement de ce pays a, comme tant d'autres en Europe, imposé à ses concitoyens en raison de la deuxième vague de la pandémie de coronavirus...
La soirée du 2 novembre devait donc être la toute dernière que le célèbre ténor offrait au public viennois puisque l'Opéra fermait ses portes le lendemain pour une durée indéterminée... Mais, alors qu'il se préparait dans sa loge, appliquant avec précaution son maquillage entre deux vocalises, la star franco-sicilienne était à mille lieues d'imaginer que cette ultime performance serait aussi une nuit de l'horreur pour lui et son épouse !
Ce soir-là en effet, tandis que, en duo avec la somptueuse cantatrice, – maman de leur fille, Maléna, 6 ans –, le natif de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, donnait le meilleur de lui-même devant la foule réunie dans cette salle mythique, se déroulait à quelques pas de là un attentat terroriste sanglant qui a coûté la vie à 4 personnes et fait 22 blessés ! C'est en pleine représentation, entre deux scènes, que le ténor a été informé par un SMS envoyé par un membre de sa famille de la terrible attaque qui avait lieu à proximité immédiate de l'Opéra, dans ce quartier du centre historique de la ville très fréquenté à cette époque de l'année par les touristes.
« Il y avait des photos de policiers antiterroristes juste au pied du théâtre », a confié Alagna, encore sous le choc, dans Le Parisien. Des images effrayantes pour le chanteur qui a vaillamment préféré garder pour lui ces informations jusqu'à la fin de sa prestation : « Forcément, c'était inquiétant, a encore déclaré la star. Mais je n'ai rien dit à personne car nous devions finir la représentation. »
Lorsque le rideau est tombé et que les artistes ont rejoint leurs loges, le directeur de l'Opéra a pris soin d'informer les spectateurs de la terrible nouvelle de la fusillade meurtrière, perpétrée par un jeune terroriste de 20 ans à l'extérieur du bâtiment. « Pendant les applaudissements, il est monté sur scène et a demandé à tout le monde de rester dans le théâtre, a aussi raconté Roberto Alagna à nos confrères. On a entendu des cris mais la police est arrivée et cela s'est vite calmé. »
Difficile d'imaginer dans quel état de terreur le public mais aussi la troupe composée d'artistes et de techniciens, devaient se trouver à l'annonce de cette épouvantable attaque... Impossible de prendre la mesure de la panique qui a envahi les spectateurs sidérés, se retrouvant soudain piégés sur leurs sièges, dans une salle devenue glaciale où, quelques minutes plus tôt, ils applaudissaient à tout rompre deux étoiles du chant lyrique !
Pendant que dans les rues adjacentes le chaos régnait et des hurlements déchirants se faisaient entendre entre deux tirs nourris de l'agresseur et de la police, l'angoisse montait peu à peu parmi les « prisonniers » de l'Opéra. Une inquiétude bien légitime que les musiciens ont toutefois tenté d'apaiser en continuant à jouer comme si de rien n'était, comme si la mort n'était pas aux portes du théâtre, n'attendant que le bon moment pour frapper. « On se serait cru dans le Titanic », a d'ailleurs déclaré le ténor. Finalement, vers 2 heures du matin, la foule, épuisée et à bout de nerfs, a été autorisée à quitter les lieux, sous bonne escorte bien entendu...
Un moment extrêmement tendu au cours duquel chacun a retenu son souffle, conscient d'avoir, en quelque sorte, échappé au pire, comme l'artiste l'a encore raconté au Parisien : « Une grande partie a été évacuée par la bouche de métro devant le théâtre. Une rame a été affectée spécialement pour eux et pour les transporter vers des hôtels en dehors de la ville. Dans le centre-ville, il y avait des barrages de policiers partout, on avait l'impression d'être en état de siège, en guerre. » Deux jours plus tard, Roberto Alagna, soulagé mais encore très choqué par l'effrayante expérience qu'il venait de vivre, rassurait ses fans via son compte Instagram : « Chers amis, merci à tous pour vos messages. Nous sommes en sécurité à la maison. Nos pensées accompagnent les victimes et tous les Viennois. »
Plus de dix jours après l'innommable violence subie par les habitants de la capitale autrichienne, une profonde tristesse s'est sans nul doute ajoutée à la peur dans le cœur du chanteur lyrique... Celle de voir, une fois de plus, le spectacle vivant muselé par la fermeture des lieux d'expression artistique où les plus belles voix du monde s'élèvent d'ordinaire pour nous donner du bonheur et nous faire oublier la sauvagerie de l'époque...
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