Samuel Le Bihan : Casse-Cou et suicidaire !

France Dimanche
-BESTIMAGE

Samuel Le Bihan, qui a longtemps joué avec la mort, revient de très loin…

La plupart des acteurs sont des êtres tourmentés, capables de puiser au fond d'eux-mêmes des émotions fortes. Et pour peu qu'ils aient traversé des épreuves durant leurs jeunes années, ce n'en est que mieux ! Mais faire remonter ces traumatismes à la surface le temps d'une scène n'est pas sans danger et combien de comédiens rattrapés par leurs démons – à l'image de Patrick Dewaere ou de Robin Williams – ont préféré en finir...

Samuel Le Bihan, à 55 ans, vient de se confier sur son enfance un peu particulière. Celle-ci a laissé des traces indélébiles qui le font encore atrocement souffrir. À fleur de peau, ce fils de pêcheur devenu laveur de vitres n'était pas un enfant comme les autres. « Disons que mes parents étaient souvent inquiets à mon sujet. Petit, je faisais n'importe quoi, un vrai casse-cou », a-t-il ainsi confié à Télé-Loisirs. Le garçonnet, un brin suicidaire, se livre à des actes terrifiants dont il porte aujourd'hui encore les stigmates. Il en a fait l'inventaire avec une franchise stupéfiante : « Je me suis tranché l'artère du poignet en tombant sur un objet en fer, j'ai avalé une prise de courant, un jour où ma mère repassait. J'ai débranché la prise et je l'ai mise dans la bouche. Je me suis brûlé la langue, c'est pour ça que parfois j'ai du mal à articuler », a-t-il avoué, au risque d'affoler ses fans.

Ce comportement suicidaire a donné des sueurs froides à sa pauvre maman qui redoutait à tout moment qu'un drame survienne. Quoi de plus terrible que de voir son fils se mutiler sous ses yeux et jouer avec sa vie ! « J'étais révolté, insatiable, épuisant pour mon entourage, ma mère surtout », confirme le comédien. Un vrai cauchemar donc pour cette femme courageuse qui fait des ménages et qui craint de perdre son Samuel chéri à chaque instant. Son papa, François, élevé à la dure dans une famille très pauvre, reste de son côté de glace face à ce qu'il estime être des provocations destinées à attirer l'attention.

Entre le père et le fils, la communication va finir par se rompre, chacun se retranchant dans des non-dits. Ayant sans cesse besoin de surveillance, le jeune garçon est envoyé l'été en colonies de vacances où des encadrants peuvent le prendre en charge. C'est là qu'il découvre une activité capable de l'apaiser : la marche. « Quand j'avais 10 ans, je partais en colonies de vacances avec la Caisse d'allocations familiales. Comme ils n'avaient pas d'activité pour nous, ils nous emmenaient en randonnée. On marchait des kilomètres... » explique-t-il.

Avec un tel vécu, rien d'étonnant à ce que l'acteur se montre si convaincant dans la série Alex Hugo sur France 2, où il interprète depuis 2014 un ancien policier marseillais parti s'isoler à la montagne. Avec autant d'aptitudes à frôler le danger lorsqu'il était enfant, Samuel aurait pu être fakir, cascadeur ou même cracheur de feu, ce qu'il fit d'ailleurs en se produisant dans la rue à l'âge de 20 ans ! L'ancien petit kamikaze devient ensuite boxeur. Mais après un an passé sur le ring, il raccroche les gants pour entrer au Conservatoire d'art dramatique. Il s'envole après pour New York, pour y suivre les cours du mythique Actors Studio, marchant ainsi brillamment dans les pas des légendes passées par cette institution, de Robert De Niro à Marlon Brando, dont Samuel reprendra d'ailleurs plus tard le rôle dans la célèbre pièce Un tramway nommé Désir... Rien que ça !

En 1994, il monte sur les planches de la Comédie-Française et il fait ses débuts au cinéma face à la caméra de Catherine Breillat dans Sale comme un ange. Il alterne ensuite films d'auteurs et comédies populaires, comme pour mieux brouiller les pistes, enchaînant les tournages, avec Alain Corneau, Krzysztof Kieslowski, Fabien Onteniente, Tonie Marshall et Bertrand Tavernier, grâce auquel il sera nommé au César du Meilleur Espoir masculin pour son interprétation de Norbert dans Capitaine Conan. L'ex-compagnon d'Angie Vu Ha n'est jamais aussi bon que quand il met aussi son corps puissant au service de son art. Hélas, cet engagement physique n'est pas sans risque, puisque les graves bêtises auxquelles il s'est livré dans sa jeunesse lui ont laissé des séquelles, comme ces inquiétants problèmes d'articulation au poignet plutôt handicapants lorsqu'il s'agit de tenir une arme ou d'en venir aux mains.

On comprend mieux pourquoi le papa de Jules, d'Angia et d'Emma-Rose est aussi soucieux de sa progéniture, car il ne sait que trop bien combien les blessures d'enfance sont dures à cicatriser, au propre, comme au figuré...

A lire aussi

Valérie EDMOND

En vidéo