The Voice, Yoann Fréget : “Le chant m’a permis de maîtriser mon bégaiement”

France Dimanche
The Voice, Yoann Fréget : “Le chant m’a permis de maîtriser mon bégaiement”

Le Montpelliérain est un homme de défis. À 18 ans, Yoann Fréget chante a capella dans les rues de sa ville, à 26, il tente le concours de TF1 de The Voice. Avec toujours la même envie : donner du bonheur aux spectateurs.

«La classe !» «Vous êtes un ovni... Une telle voix dans un tel corps !» La belle Jenifer n’a pas manqué d’éloges envers Yoann Fréget, qui a marqué les auditions à l’aveugle de cette seconde édition de The Voice en rendant hommage à l’artiste disparue Whitney Houston. Mais c’est auprès de Garou que le jeune homme à la voix puissante a choisi de poursuivre l’aventure, passant avec brio les battles. Avant de le retrouver sur les primes, il nous confie en exclusivité son histoire, les épreuves par lesquelles il a dû passer au cours de sa vie, des moqueries à l’école à ses prestations dans les rues de Montpellier, en passant par son combat pour aider des personnes atteintes de bégaiement...

France Dimanche (F.D.) : À quel âge avez-vous commencé à chanter ?

Yoann Fréget (Y.F.) : Depuis tout petit, car mon père est pianiste, chanteur, auteur et compositeur. Il n’a pas fait carrière, sa priorité étant de s’occuper de sa famille. À 13 ans, j’ai commencé à m’entraîner sur des morceaux de Mariah Carey et Whitney Houston que ma demi-sœur m’a fait découvrir. Elle est la première à m’avoir encouragé à chanter. Puis, à 15 ans, j’ai découvert le gospel avec la chorale d’Emmanuel Djob : j’étais le plus jeune du groupe et je me suis retrouvé à être le petit chouchou ! Le gospel m’a permis de m’épanouir, d’avoir plus confiance en moi. Avant, je n’osais même pas regarder les gens dans les yeux...

F.D. : À cause de votre bégaiement ?

Y.F. : Oui, je bégaye depuis l’âge de 3 ans. J’étais très timide et en même temps, j’adorais parler ! C’était très contradictoire. À l’école, j’étais bon élève et, malgré mon bégaiement, je voulais toujours participer oralement. Les moqueries et le regard des autres étaient difficiles à vivre, mais je n’ai jamais baissé les bras, même si j’ai vécu le bégaiement comme un handicap jusqu’à l’âge de mes 19 ans.

F.D. : Qu’est-ce qui vous a aidé à surmonter cette épreuve ?

Y.F. : Le fait de rejoindre la chorale et de chanter en groupe m’a beaucoup aidé. Au point que, vers 18 ans, j’ai décidé de me mettre au défi en chantant a capella dans les rues de Montpellier ! Il m’arrivait de faire pleurer les gens tant ils étaient émus et de récolter des sommes importantes. Le but n’était pas de gagner ma vie mais de me dépasser !

F.D. : Comment vos parents ont-ils vécu cette période ?

Y.F. : Bien, car ils savaient que j’agissais par amour pour la musique. Malgré le fait qu’ils soient divorcés, mes parents s’entendent très bien et se sont parfaitement occupés de moi. Ils m’ont toujours soutenu dans mes choix. J’ai poursuivi mes études en musicothérapie à l’université de lettres de Montpellier. Après trois années, la grande question pour moi était de savoir si je choisissais la musique ou la musicothérapie. Je me suis longuement interrogé et j’ai choisi la musique.

F.D. : Ce qui ne vous a pas empêché d’aider des personnes atteintes de bégaiement.

Y.F. : Oui, j’ai travaillé avec de jeunes bègues au sein d’un atelier de gospel. Beaucoup d’entre eux me contactent depuis que je suis dans The Voice : ils sont heureux de voir à quel point le chant peut aider à soigner ce trouble. Les scientifiques disent que si l’on ne bégaye pas en chantant, c’est parce que c’est une autre partie du cerveau qui travaille, mais moi, j’attribue cela à la grâce ! Le chant fait vraiment du bien. Je veux donner du bonheur aux gens en chantant... L’essence même de la musique est le pouvoir de l’amour !

F.D. : Et vous, connaissez -vous le grand amour ?

Y.F. : Non, je n’ai pas encore trouvé la femme de ma vie. Mais je n’ai que 26 ans... Je me dis qu’elle viendra en temps voulu ! Pour le moment, je me concentre sur la musique en attendant de rencontrer «la» bonne personne !

F.D. : Qu’est-ce qui vous a poussé à participer à The Voice ?

Y.F. : Je commence à préparer mon premier album et je voulais toucher un public le plus large possible. Je travaille avec de très bons compositeurs et arrangeurs que j’ai eu la chance de rencontrer aux États-Unis car, en 2011, j’ai gagné la première place du concours de soul music le plus important de France : le Sankofa Soul Contest.

F.D. : Vous avez également été choriste pour Stevie Wonder ?

Y.F. : Oui, avec le Gospel For You Family. Pour sa tournée en 2011, il cherchait dix choristes pour Monaco, et j’ai eu la chance d’être contacté. C’était un cadeau de la vie incroyable car il est l’un de mes chanteurs préférés, et c’est un artiste engagé pour la paix.

F.D. : Pourquoi avez-vous affirmé dit lors des battles : « Je veux que Garou sache le combat que j’ai livré » ?

Y.F. : J’ai eu pas mal de réflexions concernant mon exubérance sur scène, mais je me suis battu pour que ma personnalité soit respectée. Comme Garou, je ne supporte pas l’exubérance gratuite où l’on cherche à impressionner les autres avec son ego, mais je pense que si elle est ressentie, c’est une qualité. Je veux que mon intégrité soit respectée et je suis sûr qu’elle le sera dans cette émission.

F.D. : Pensez-vous pouvoir être The Voice ?

Y.F. : Peu importe que je gagne ou pas. Ce que je veux, c’est donner le meilleur de moi-même ! La voix est un don qui peut vous lâcher à n’importe quel moment : il faut rester humble face à ça et beaucoup travailler !

Interview : Vanessa Attali

En vidéo