Véronique Genest : " J'ai failli être lynchée dans une cité !"

France Dimanche
Véronique Genest : " J'ai failli être lynchée dans une cité !"

Pour la 20e saison de "Julie Lescaut", la célèbre actrice Véronique Genest nous confie les moments forts de sa carrière télévisuelle, mais aussi son inquiétude face à une délinquance de plus en plus violente...Pour la 20e saison de "Julie Lescaut", la célèbre actrice Véronique Genest nous confie les moments forts de sa carrière télévisuelle, mais aussi son inquiétude face à une délinquance de plus en plus violente...

Alors que la série policière préférée des Français revient sur TF 1 les jeudis 6 et 13 janvier prochains pour deux épisodes inédits, Immunité diplomatique et  Sortie de Seine , nous avons rencontré son héroïne, Véronique Genest, qui revient pour nous sur un épisode particulièrement traumatisant survenu lors d'un tournage.

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France Dimanche (F.D.) : En mars dernier, Julie Lescaut a rassemblé 8 millions de téléspectateurs. Comment expliquez-vous que votre popularité reste intacte au bout de vingt ans ?

Véronique Genest (V.G.) : J'ai la chance d'incarner un personnage proche des gens, qui évolue avec eux, de façon moderne et humaine. Julie Lescaut, qui est mutée à la Direction générale de la police, représente la femme d'aujourd'hui, à laquelle toutes les filles peuvent s'identifier. Depuis que la série est diffusée l'après-midi, j'ai aussi un public de jeunes fans. Bref, toutes les générations me regardent. Voilà, à mon avis, la force de Julie Lescaut.

F.D. : Comment se comportent les gens lorsqu'ils vous reconnaissent dans la rue ?

V.G. : Ils sont toujours si gentils. J'ai avec eux un rapport très simple, comme si je faisais partie de leur famille. Après chaque spectacle [ Véronique est aussi comédienne de théâtre ], je consacre une demi-heure aux dédicaces à mes admirateurs. Je me montre toujours accessible. Vous parlez de moi comme d'une star, mais je n'aime pas trop ce statut d'icône posée sur un piédestal, d'où l'on peut tomber si facilement. Je dirais plutôt que je suis populaire. Un terme que j'aime bien, car il vient du mot « peuple », dont je suis issue.

F.D. : Vous incarnez une femme commissaire de police. Recevez-vous des courriers de téléspectateurs qui souffrent de l'insécurité ?

V.G. : Énormément. Je reçois surtout leurs mails, via mon profil Facebook, sur la violence, l'insécurité, la dureté de la vie et les peines de cœur. Ils sont très touchants, et j'essaie d'y répondre. Même si cela me prend un temps fou.

F.D. : Vous évoquez l'émergence d'une délinquance de plus en plus dure. En avez-vous souffert ?

V.G. : Oui. Surtout lorsque je tournais en banlieue des épisodes de Julie Lescaut. Je me souviens d'un événement très violent, en 2002, dans la cité du Val-Fleury, en Seine-Saint-Denis. J'étais avec Mouss Diouf, et nous avons été évacués in extremis par les policiers.

F.D. : Que s'est-il passé ?

V.G. : Nous étions dans cette cité composée de cinq ou six petits immeubles. Je me sentais plutôt bien, car cela me rappelait les HLM où habitait ma grand-mère. On a tourné un jour d'école, et des gamins ont commencé à traîner autour de l'équipe de tournage. Ils étaient petits, donc on a réussi à les gérer. Mais ils sont allés chercher leurs grands frères, et les choses ont dégénéré. Ils ont tenté de voler le matériel de régie dans les camions. Ensuite, ils ont essayé de retourner la caravane où se trouvait ma loge. La police a dû intervenir pour me sortir de là. J'ai failli être lynchée !

F.D. : Comment avez-vous réussi à vous en sortir ?

V.G. : On tournait des scènes dans un appartement, où j'ai pu me réfugier. Les policiers sont arrivés et m'ont fait sortir par des portes dérobées. Ils m'ont cachée dans le fond d'une voiture et sont partis à toute vitesse ! Mais à aucun moment, je n'ai eu peur. Car je pense que la peur engendre le danger. J'étais étonnée, car d'habitude, lorsqu'on tournait en banlieue, on arrivait toujours à pacifier la situation en intéressant des jeunes au tournage. On leur demandait de surveiller, de faire de la figuration, on leur donnait des responsabilités. Mais quand ça déborde, ça déborde...

F.D. : Trouvez-vous que notre société devient plus violente ?

V.G. : Hélas, oui. Regardez ce qu'est devenue la cité Pierre-Collinet, à Meaux, ville d'où je suis originaire. Enfant, je me souviens d'un lieu si paisible. Aujourd'hui, elle est devenue dangereuse. Lors d'un autre tournage d'un épisode de Julie Lescaut, nous y avons été agressés. Regardez l'état actuel des cités dans le département de Seine-Saint-Denis. Je ne connais pas les chiffres, mais le drame est qu'une grande partie de la population subit les méfaits d'une minorité de trafiquants de drogues.

F.D. : Mais l'État semble désarmé face à cette nouvelle délinquance...

V.G. : Mais que l'État s'attaque aux vrais criminels ! Ils se sentent intouchables, alors ils continuent. Cessons de culpabiliser et agissons ! Que l'on applique vraiment les lois ! Que l'on arrête de libérer des délinquants ! Et arrêtons aussi de ne s'attaquer qu'aux automobilistes, surtaxés parce qu'ils sont solvables !

F.D. : Revenons à Julie Lescaut. Avez-vous des nouvelles récentes de Mouss Diouf ?

V.G. : Je l'ai régulièrement au téléphone. On s'échange même des photographies et des messages sur nos téléphones portables. Il va mieux à force de rééducation. Il marche et parle à nouveau. Je suis de tout cœur avec lui.

Lionel Coutat

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