Virginie de Clausade et Élodie Hesme : “Notre collaboration est née d'une frustration”

France Dimanche
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À Limoges, en 1905, une usine de porcelaine voit ses ouvrières faire grève pour leur droit à la dignité. Partant de cet évènement historique, les deux auteures ont écrit une épopée romanesque.

France Dimanche : De quoi parle votre roman ?

Élodie Hesme : Sur fond de grève salariale, c'est l'histoire de deux femmes que tout oppose et qui vont se retrouver en pleine insurrection à Limoges... et réaliser qu'elles sont sœurs. Comment le destin les a réunies ? Pourquoi ont-elles été séparées pendant trente-cinq ans ?

Virginie de Clausade : Ce sont deux femmes à la conquête de leur liberté. Elles ne viennent pas du même côté de la barrière, mais le chemin pour acquérir leur autonomie sera aussi grand de part et d'autre. EH : Et rien ne se fera sans la sororité !

FD : Comment avez-vous découvert ce fait historique ?

EH : Je voulais écrire une série réunissant Annelise et Clotilde, mes deux sœurs comédiennes. On m'a parlé de cette première grève féministe, qui était partie du viol d'une ouvrière par un contremaître. L'Histoire étant surtout écrite par les hommes, on trouvait peu d'informations sur cet événement... Mais on souhaitait une grande histoire romanesque, avec de vraies héroïnes qui se confrontent au patriarcat, car le féminisme ne veut pas dire grand-chose si on ne le raccorde pas à l'humanisme.

VdC : Le véritable message de ce roman, c'est qu'il est possible de magnifier ce qui a été brisé. L'important, c'est comment on se reconstruit.

FD : Pourquoi écrire à quatre mains ?

VdC : C'est né d'une frustration. On s'est rencontrées pour rédiger un scénario avec une troisième personne. Comme elle ne savait pas ce qu'elle voulait, on s'est beaucoup testées sur l'écriture. Le projet n'avançant pas, on a décidé d'écrire un roman, et le sujet s'est imposé même si, au début, il nous faisait un peu peur.

FD : Comment votre duo a-t-il fonctionné ? VdC : Dès le départ, on a passé un temps fou à écrire nos personnages dont on connaît toute la vie. Ils sont nés de nos deux têtes. On ne lâchait rien tant que l'on n'était pas satisfaites l'une et l'autre. Notre exigence a nourri la qualité du livre. EH : Je pense que si nous étions une seule et même femme, nous serions la femme parfaite ! J'ai plus de rondeur et de douceur, je suis plus encline aux histoires d'amour, et Virginie amenait toute sa verve et sa culture historique. Petit à petit, on s'est « muées » l'une en l'autre !

FD : Comment vous êtes-vous documentées ?

EH : On a creusé, on a fouillé et on a inventé. Toutes les dates sont les vraies dates, cette grève a vraiment duré quatre semaines. Il y a des personnages historiques que nous avons mêlés à nos personnages romanesques.

VdC  : Un peu comme l'avait fait Alexandre Dumas avec Le Chevalier de Maison-Rouge.

FD : Vous pensez toujours à une adaptation en série ?

VdC : Plus que jamais !

EH : C'est dans les tuyaux, mes deux sœurs sont partantes. Pour le père de Clotilde, on s'est inspirées de Thierry Lhermitte et de son humour. On a écrit les rôles pour eux trois.

FD : Quels sont vos projets personnels ?

EH : Je travaille sur l'écriture de séries en ce moment, notamment Le Remplaçant, avec JoeyStarr, Léo Matteï, avec Jean-Luc Reichmann, et une création originale avec Kev Adams. Et mon précédent roman sort ce mois de mai en format poche.

VdC : J'adapte un roman de Romain Gary pour le théâtre.

¥ Femmes de porcelaine, éd. Michel Lafon, 19,95 €.

Amélie DESCROIX

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