Nana Mouskouri : Brisée par la mort de son premier amour !

France Dimanche
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Nana Mouskouri n'avait que 26 ans quand elle a rencontré Mikis, mais elle ne l'avait jamais oublié…

À l'annonce du décès de cet homme qui, par sa présence, son talent et son combat, lui a donné des ailes pour se lancer, on peut imaginer la tristesse qui a envahi le cœur de Nana Mouskouri... Comme elle, Mikis Theodorakis, disparu le 2 septembre dernier à 96 ans, était né en Grèce, un pays trop souvent meurtri par l'Histoire. Comme elle, il avait, dès son plus jeune âge, voué sa vie entière à la musique, fait ses classes dans le classique en étudiant au conservatoire d'Athènes et adoré l'opéra et le chant choral...

L'engagement politique de ce combattant pour la liberté qui s'était opposé au péril de sa vie aux dictatures – celle des nazis, de 1941 à 1945, et celle des colonels, de 1967 à 1974 – n'était évidemment pas le même que celui de la chanteuse. Mais c'est malgré tout un indéfectible lien qui unissait ces deux grandes stars internationales au tempérament passionné. On peut sans peine imaginer que cette idéaliste invétérée, devenue députée européenne sous la bannière du parti de centre droit Nouvelle Démocratie, de 1994 à 1999, s'était inspirée des actions et du militantisme qui auront marqué l'existence de ce grand compositeur.

C'est en 1960 que leur collaboration a commencé, deux ans à peine après le début de la carrière de Nana.

Cette dernière n'a alors que 26 ans, mais elle a déjà conquis le cœur des grands de ce monde grâce au Premier ministre grec de l'époque, Constantin Caramanlis, qui a notamment invité Jacky et Bob Kennedy à venir l'écouter lors d'un voyage à Athènes. Cette année-là, la brune aux lunettes cerclées de noir enregistre Epitaphios, un poème écrit par Yannis Ritsos – considéré comme un chef-d'œuvre de la culture grecque contemporaine – et mis en musique par Theodorakis. Suivront plusieurs chansons, aussi signées Ritsos pour les textes, et Mikis, pour les partitions...

Tandis que la chanteuse à la voix si pure commence à parcourir le monde, celui qui a débuté en composant des morceaux classiques se met au service du cinéma. Le grand public n'a pas oublié le célèbre film Zorba le Grec, sorti en 1964, et sa scène culte où Anthony Quinn danse le sirtaki sur une musique de plus en plus endiablée, œuvre de Theodorakis.

Mikis est donc entré par la grande porte dans le 7e Art et collabore à d'autres productions au message politique, tels Z, de Costa-Gavras, qu'il composera sous la dictature des colonels, après avoir été banni de son pays, puis déporté. Il en sera libéré grâce aux campagnes de solidarité initiées entre autres par Leonard Bernstein, Arthur Miller et Harry Belafonte, et l'intervention auprès du dictateur Papadopoulos de Jean-Jacques Servan-Schreiber. Exilé en France en 1970, il donnera des milliers de concerts dans le monde, dédiés à la restauration de la démocratie dans son pays, se muant ainsi en un symbole vivant de la résistance. Nul doute qu'aujourd'hui, Nana Mouskouri pleure l'ami, témoin de ses débuts, et ce compatriote de génie qui a tant œuvré pour leur pays...

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Clara MARGAUX

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