Stéphane Bern : "Il est temps pour moi de profiter de la vie !"

France Dimanche
Stéphane Bern : "Il est temps pour moi de profiter de la vie !"

Passez un été studieux avec Stéphane Bern qui revient dans les librairies avec deux ouvrages historiques très ludiques. L'occasion de faire le point sur son actualité qu'il voudrait alléger…

France Dimanche : Qui a eu l'idée de ces deux publications, Mon cahier de vacances Secrets d'Histoire et Les Records de l'Histoire ?

Stéphane Bern : Le cahier de vacances, c'est l'éditeur. J'ai trouvé l'idée très amusante à condition que ce soit pédagogique et ludique. J'ai toujours adoré les cahiers de vacances. Encore maintenant, quand je pars en Grèce, c'est idéal pour passer le temps lors de la longue traversée en ferry. Mais il faut parfois lever la tête pour éviter de se sentir mal ! Quant aux Records de l'Histoire, c'est mon idée. J'avais fait le tour avec Les Pourquoi de l'Histoire et les ouvrages sur les noms célèbres. Je voulais parler de records... l'année des Jeux olympiques. C'est raté car les Jeux sont décalés, mais le livre sort quand même !

FD : Quels sont les records qui vous ont le plus marqué ?

SB : J'aime bien ces guerres qui ne durent que quelques minutes, ça m'a beaucoup amusé ! Ou les règnes les plus longs comme Louis XIV. Celui de Ramsès II est fascinant ! Cela en dit long sur moi : j'aime les choses qui durent.

FD : D'où votre empathie pour Elizabeth II...

SB : Peut-être. On est tellement dans une époque du jetable, de l'immédiateté, de l'obsolescence programmée. Moi j'aime garder et ne jette rien ! Je suis même atteint de syllogomanie. Je conserve tout : les emballages, les rubans, les sacs en papier, les boîtes, etc. Je plains ceux qui feront mes tiroirs après ma mort !

FD : Concernant ces livres, c'est vous qui trouvez les sujets ?

SB : Oui, avec toute une équipe. Je ne suis pas historien mais un raconteur d'histoires. Donc c'est bien parfois que de vrais historiens vérifient que je ne me laisse pas emporter par mon imagination et mon enthousiasme !

FD : À l'école, vous étiez déjà passionné par l'Histoire ?

SB : Ah oui ! C'était ma seule matière forte. J'ai passé un bac scientifique, pour faire comme mon frère, sauf que j'étais un désastre en maths physique... Je n'aimais que l'histoire-géo... Maintenant, ce qui m'amuse, c'est quand j'apprends autant que le téléspectateur. J'adore me plonger dans les livres pour préparer mes émissions... On raconte avec d'autant plus de plaisir quand on a la satisfaction d'avoir appris quelque chose ! Pour moi, la culture, c'est comme une gourmandise : une nourriture essentielle et un plaisir.

FD : Vous n'avez pas envie de réécrire des biographies historiques ?

SB : Le problème est que je fais beaucoup de choses, et qu'une biographie demande énormément de travail de recherche et de la constance dans l'écriture. Mais c'est amusant que vous m'en parliez car j'ai commencé à écrire sur la princesse Alice de Monaco, l'épouse d'Albert Ier . Son destin est incroyable ! C'était une grande intellectuelle, une amie de Proust, qui a amené la culture et l'opéra à Monaco. En plus du livre, je vais en faire un Secret d'Histoire l'an prochain...

FD : À quand votre autobiographie ?

SB : J'en ai fait une à 30 ans je crois, mais c'était tout à fait inutile. J'ai suffisamment semé de petites pierres sur ma vie. Dans mon livre Sauvons notre patrimoine par exemple, je raconte beaucoup de moi-même à travers ce que je fais. Mais peut-être devrais-je le refaire afin de clarifier ma position car on ne sait pas où me situer. J'aime autant les rois et les reines que les gens en dehors des clous. Comme beaucoup de gens, j'aime toujours une chose et son contraire...

FD : Vous avez eu le temps d'y réfléchir...

SB : Il est vrai que ce confinement a été utile pour se retrouver ! Avant, j'avais l'impression d'être un hamster dans sa roue qui a peur de tomber s'il arrête de tourner... Je me suis mis sur pause et me suis demandé ce que j'allais faire de ma vie. Je vais peut-être prendre du temps pour moi, m'intéresser plus aux autres ?

FD : Vous pourriez orienter différemment votre carrière ?

SB : Je pense déjà que je vais vivre davantage à la campagne. C'est très agréable d'être entouré d'oiseaux et de poules. Même mes chiens ont l'air plus heureux. Cela m'a donné envie de me reconnecter à la nature et à l'environnement.

FD : Rassurez-nous, cela n'entravera pas vos projets audiovisuels ?

SB : Depuis vingt ans, entre France Inter et RTL, je n'arrête pas ! [l'entretien a été réalisé avant qu'il ne signe avec Europe 1 pour une quotidienne sur l'Histoire avec Matthieu Noël, ndlr]. Si je continue à la radio, je voudrais ne pas être en direct tous les jours pour faire autre chose. Il est temps pour moi de profiter de la vie ! Je souhaite me recentrer sur mes vraies passions : l'Histoire et le patrimoine.

FD : Justement, va-t-il y avoir un autre loto du patrimoine ?

SB : Oui, bien sûr. Nous allons annoncer les 18 sites emblématiques courant juin. Puis, les 103 autres concernés à partir du mois d'août avant de lancer le troisième loto du patrimoine en septembre. Cet argent a déjà permis de sauver plus de 150 monuments ! Je suis content de faire œuvre utile...

FD : N'est-ce pas trop ardu d'un point de vue administratif ?

SB : Vous ne pouvez pas savoir ! C'est difficile, mais moi j'ai besoin de me battre et là je suis servi ! Cela me garde énergique. Et puis je ne suis pas un homme politique. Je suis libre, je n'obéis à personne. Et comme je suis bénévole, on ne peut rien me dire. D'ailleurs, cela me coûte de l'argent. Quand je fais des visites en région, avec des élus, c'est à mes frais.

FD : On ne vous rembourse même pas le péage ?

SB : Je ne demande pas, j'ai ma fierté ! [Rires.]

FD : À quand le prochain Village préféré des Français ?

SB : L'émission va être diffusée fin juin. Nous en avons enregistré une partie avant le confinement. L'autre se fera avec masques, ce sera étrange, mais bon... Et en septembre, avec Le Guide du Routard, nous sortons un beau livre sur ces villages et les sites du patrimoine sauvés. En plus, nous préparons pour France 3, Les Missions Patrimoine, pour aider les Français à restaurer une vieille ferme par exemple.

FD : En épigraphe de votre livre des Records vous citez Corneille : « Et sur de grands exploits, bâtir sa renommée ». Quel est l'exploit qui fera votre renommée ?

SB : Avoir sauvé le collège royal et militaire de Thiron-Gardais et tous ces monuments qui font l'identité de la France. C'est une grande fierté que je n'aurais pu avoir sans la confiance des Français qui ont acheté les tickets du loto ! D'ailleurs, il faut savoir que la loterie a été créée pour le patrimoine sous Louis XV ! Cela a permis de construire l'École militaire et l'église de Sainte-Geneviève devenue le Panthéon. Comme quoi, tout nous ramène à l'Histoire !

• Les records de l'Histoire (19,90 €) et Mon cahier de vacances Secrets d'Histoire (9,40 €), de Stéphane Bern, Albin Michel.

Yves QUITTÉ

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