Cathy et Dominique Tardieu : “On a tout plaqué pour sortir notre album !”

France Dimanche
Cathy et Dominique Tardieu : “On a tout plaqué pour sortir notre album !”

Elle était coiffeuse et lui, ouvrier. Tombés fous amoureux, ils ont voulu vivre de leur passion. Pam et Stan chantent sur scène l’amour en duo.

«Je sais aujourd’hui que, comme disait Antoine de Saint-Exupéry, “il vaut mieux vivre ses rêves que... rêver sa vie !" A l’âge de 10 ans, je tannais déjà mes parents pour chanter. Mais pour eux, ce n’était tout simplement pas un métier envisageable : “La vie de saltimbanque ne mène à rien", répétait ma mère à longueur de journée. À 15 ans, je me suis donc inscrite en cachette pour une émission de télé, présentée par Laurent Petitguillaume sur M6. Il s’agissait de Fan de et nous étions alors en 1988. Mes parents, mis au parfum, ont donc été obligés de m’emmener à Paris pour passer le casting. Pour eux, la capitale était le bout du monde...

J’ai chanté Ella de France Gall. Ce passage derrière le petit écran reste aujourd’hui encore un souvenir mémorable. Tellement grisant pour une adolescente de passer à la télé ! De retour à la maison, je continue à chanter des tubes de France Gall, mon idole, en boucle. Et je fais toujours mon petit effet dans les kermesses du quartier.

À 21 ans, j’ouvre mon salon de coiffure où je travaille toute la journée. Le soir, chez moi, je branche un micro et assouvis ma passion pour les tubes des années 80. Sans déranger les voisins, bien sûr...

En mai 1999, je vais seule en discothèque, au Smart, un lieu qui a disparu aujourd’hui. Et je fonds sur Dominique – alias Stan – mais sans oser lui parler. Je retourne donc en boîte le lendemain, et là nos langues se délient et nous faisons connaissance. À l’époque, je suis célibataire, divorcée avec un enfant de 3 ans à charge, ce que je lui dis tout de suite. Stan travaille alors dans une usine de produits chimiques. Entre nous, c’est le coup de foudre. Quinze jours plus tard, on emménage ensemble. On s’est mariés le 30 juin 2001.

Tous les soirs, je continue à chanter et, à force de m’entendre, il se met lui aussi à fredonner des airs. Je lui assure qu’il a une belle voix. Plus de doute, on va s’essayer aux duos. Assis dans notre canapé, on a commencé à reprendre le tube chanté par Andrea Bocelli et Hélène Ségara Vivo per lei. Magnifique !

Par l’intermédiaire de ma mère, je rencontre une personne qui cherche une animation pour son mariage. Pas de soucis, on est prêts ! Même si, à l’époque, on ne dispose que d’un matériel sommaire : deux enceintes, un ampli, un jeu de lumières, une table de mixage... La soirée est une grande réussite : on enchaîne les tubes de Cloclo, de Natasha St-Pier, de Mike Brant. On a mis le pied à l’étrier. Il faut ensuite se faire connaître. L’animation de plusieurs repas de village va faire boule de neige.

Notre réputation s’est construite lentement, au fil des mois et des kermesses, des salles des fêtes, des cafés, des bars de la région. Chaque fois, on récolte entre 100 et 150 € la soirée. On a beaucoup chanté gracieusement aussi pour le Téléthon, contre la mucoviscidose, pour les Restos du cœur...

Petit à petit, on a dégoté un emploi de chanteurs à la Guinguette de la plage d’Isle à Saint-Quentin pour quarante dates par an. Un début. Mais on sent qu’il faut s’investir davantage. C’est alors qu’on a décidé de tout plaquer : nos boulots respectifs d’abord. Puis on a vendu la maison et la voiture pour retourner s’installer chez mes parents dans un studio. Histoire d’avoir un peu d’économies.

En 2016, on a sorti, à nos frais, notre premier album intitulé Toi et moi – l’enregistrement d’une chanson coûte environ 2 000 € – avec six titres, tous écrits et composés par des artistes professionnels. Les titres parlent de nous, de notre rencontre, de notre vie quotidienne, de nos choix... Mais quand nous nous produisons dans notre région, nous chantons surtout des tubes des années 80. Le public nous compare systématiquement à Stone et Charden ou à Peter et Sloane. On se produit sur scène main dans la main lors de soirées privées, pour des repas d’enfants, à la kermesse locale de la bière...

Et je constate que les gens sont nostalgiques de ce temps-là où les duos étaient à la mode. Quand on entonne les premiers mots de L’avventura ou de Besoin de rien, envie de toi, il faut voir les yeux des gens briller... 

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Alicia COMET

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