“Grâce au don de ses organes, mon fils a sauvé trois enfants !”

France Dimanche
“Grâce au don de ses organes, mon fils a sauvé trois enfants !”

Le 6 octobre 2013, son garçon de 8 ans est mort des suites d’un accident. Après avoir accepté le prélèvement de son cœur et de ses reins, Sandrine Berrard, cette mère de famille et son mari veulent sensibiliser d’autres parents au don d'organes.

« Je suis rentrée à la maison ce soir-là avec mes trois enfants : Quentin, 12 ans, Logan, 8 ans, et Nathan, 3 ans. Logan m’a alors demandé s’ils pouvaient rester jouer dehors. J’ai acquiescé, mais à une condition : qu’il ferme le portail car, devant notre maison, il y a la nationale. Je suis alors retournée à la cuisine pour ranger les cartables et les courses.

Tout à coup, je ne sais pas encore pourquoi, j’ai eu un pressentiment et je me suis précipitée sur le seuil de la porte. Là, j’ai vu mon fils de 8 ans écrasé par les 300 kg du portail, qui s’était écroulé sur lui. J’ai hurlé : “Au secours !"

"Les médecins nous ont alors précisé que Logan pouvait sauver la vie de trois autres enfants grâce au don de ses organes."

Un homme s’est arrêté et a appelé les pompiers. Pendant ce temps, j’ai tenté de dégager Logan en soulevant le portail. Mon mari est arrivé en même temps que les secours, qui ont prodigué les premiers soins. J’ai alors perdu la notion du temps. Cela m’a paru interminable. Finalement, les secouristes ont décidé d’emmener mon fils au CHU de Dijon, à une heure de route.

À l’hôpital, il a été pris en charge aux urgences. Toute la nuit, les neurochirurgiens ont tenté de réduire son énorme hématome au cerveau. On nous a dit que Logan ne serait jamais plus Logan. Il garderait de graves séquelles dont on ne pouvait mesurer l’importance. Le lendemain matin, une infirmière nous a déclaré : “Il va falloir vous habituer à vivre à quatre !" Comment peut-on dire une chose pareille à une mère de famille ?

"Voilà trois ans qu’il est parti, et il ne se passe pas une journée sans que je pense à lui ni une seconde où je regrette ma décision."

Le vendredi, soit quatre jours plus tard, mon mari et moi avons été convoqués par les docteurs, qui nous ont dit que la médecine avait ses limites. On a compris que c’était la fin. Nous sommes restés sans voix, incapables de verser une larme, tant nous avions pleuré toute la semaine. On avait l’impression de vivre un cauchemar qui n’en finissait pas.

On nous a exposé les deux solutions possibles : débrancher le respirateur artificiel de Logan ou bien diminuer les doses de médicaments pour qu’il y ait la possibilité de prélever ses organes. Au début, j’ai refusé. Il faut me comprendre : c’est déjà tellement dur d’accepter que pour votre fils, c’est terminé. On se dit : “Pourquoi sauver d’autres enfants alors que le nôtre va s’éteindre ?"

Les médecins nous ont alors précisé que Logan pouvait sauver la vie de trois autres enfants si son cœur et ses deux reins étaient prélevés.

Mon mari a été d’accord dès le début, car Logan avait eu besoin d’une transfusion sanguine, et si personne n’avait donné son sang... J’ai discuté avec lui, consciente qu’il fallait prendre une décision rapide. Je ne voulais pas qu’on prélève son cœur, organe si symbolique.

"Depuis ce drame, nous avons eu une fille, Sixtine, qui a aujourd’hui 2 ans."

Et après réflexion, j’ai accepté, comprenant que ces greffes allaient donner du sens à la mort de Logan. Il ne sera pas disparu en vain, lui qui était si généreux dans la vie, n’hésitant jamais à donner son goûter aux copains ou ses jouets aux enfants qui n’en avaient pas. Logan est notre petit héros.

Voilà trois ans qu’il est parti, et il ne se passe pas une journée sans que je pense à lui ni une seconde où je regrette ma décision. Et je me dis que si nous avons vécu ce drame, d’autres doivent le vivre aussi. Voilà pourquoi nous avons monté l’association Un but pour Logan, afin de sensibiliser les parents aux dons d’organes de leurs enfants. Il faut savoir que cela n’arrive pas qu’aux autres. Chaque jour, des enfants meurent faute de donneurs.

Depuis ce drame, nous avons eu une fille, Sixtine, qui a aujourd’hui 2 ans. Avoir un autre enfant était une façon de tenter de continuer à vivre. Elle est aujourd’hui une boule de bonheur et d’énergie qui nous comble tous ! »

Alicia Comet

En vidéo