"J'ai fait le tour de la France avec mes deux chevaux et mon chien!"

France Dimanche
"J'ai fait le tour de la France avec mes deux chevaux et mon chien!"

En sept mois, cette étudiante de 22 ans a sillonné nos routes à dos de cheval. Avec 2 000 € en poche et une bonne dose d'enthousiasme, elle a vécu chez l'habitant, dormi sous la tente. Un voyage mémorable !

« Le 21 juin dernier, j'ai réveillé mon chien, sellé mes deux chevaux et je suis partie en trottant à travers champs, pour un périple de plus de sept mois. Un tour de France à de 5 500 kilomètres, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, parce qu'il est plus agréable de traverser à cheval les régions du Nord en été et de galoper sur les sentiers du Sud en hiver.

J'ai appris l'équitation à 3 ans. Adolescente, je me suis toujours accrochée à mon rêve de gamine: un jour, je partirai vivre une folle aventure avec mes chevaux, Paolo et Intrépide et mon chien Jessy. Je veux vivre libre au cœur de la nature et j'espère aussi faire de belles rencontres. Il me faut deux chevaux : un pour le monter, l'autre, pour porter mes 35 kilos de bagages. Car j'emporte avec moi une tente, un duvet, un réchaud, des vêtements, un peu de nourriture aussi, sans oublier le matériel indispensable de maréchalerie (pinces, limes et marteau pour réparer les fers usés de mes compagnons de route !).

Je compte passer des nuits à la belle étoile ou me faire héberger chez l'habitant. Dans mon sac, pas de GPS car il me sera difficile de le recharger. Juste quelques cartes IGN. Je fais confiance à mon sens de l'orientation. De toute façon, il n'est pas question de prévoir un itinéraire à l'avance. Je pars à l'aventure, avec 2 000 € en poche, en laissant mes amis et mon copain Christophe dans le Vercors, sans l'ombre d'un regret.

Quittant la Drôme, je commence ma remontée vers le Jura, puis les Vosges avant de rejoindre la Baie de Somme. Durant cette première partie du périple, je suis souvent accueillie chez des inconnus, intrigués par mes chevaux et mon défi. Ils m'encouragent et m'offrent parfois le gîte et le couvert. La nuit, je laisse brouter mes chevaux dans les pâturages alentour. Je me  rappelle le soir où j'ai été hébergée par une dame et son fils dans un minuscule refuge, perdu dans le massif des Bauges. On était seuls au monde, sur les hauteurs du lac d'Annecy. On s'est raconté nos vies jusqu'à 1 h du matin. Autre souvenir fabuleux : la nuit passée sur les falaises blanches qui surplombent la Manche. Une famille, rencontrée le jour même, m'a rejoint pour un pique-nique improvisé. Mais j'ai aussi connu des galères, le froid, la pluie...

Ah, cette nuit sans lune où mes chevaux apeurés par un bruit inhabituel ont pris la clé des champs! Je les ai cherchés trois heures dans le noir. En vain. Finalement, je les ai retrouvés au petit matin, à 4 kilomètres de là, après avoir réussi à suivre leurs empreintes dans la boue. Plus tard, j'ai aussi été malade alors que je traversais la Vendée, mais j'ai eu la chance de rencontrer des hôtes qui m'ont soignée pendant quatre jours.

En galopant vers le Sud, le long de la côte Atlantique, j'ai été rincée plusieurs par une pluie diluvienne. L'humidité me glaçait les os, le vent transperçait mes vêtements. J'ai cherché une grange, un endroit au sec. Il y a eu aussi l'exhibitionniste qui me suivait partout, le long du Canal du Midi. Il était en voiture et m'attendait à chaque croisement. C'est la seule fois où j'ai eu peur. Ce soir-là, j'ai planté ma tente en plein centre-ville, à Castelnaudary. Et par la suite, ce triste sire n'a plus osé se montrer !

Mi-janvier, je suis enfin rentrée chez moi, sous la neige. Depuis mon retour, les chevaux s'impatientent : Paolo ronge tout dans son parc. Intrépide trouve la halte un peu longue. Et Jessy pense chaque jour qu'on va reprendre la route. Quant à moi, je savoure les douches chaudes, les nuits douillettes et les repas en tête-à-tête. Ivre de grand air, je rêve à présent d'explorer la Mongolie ou de traverser les États-Unis. À cheval bien sûr, mais pas toute seule ! Avec mon amoureux, même s'il n'est pas encore un cavalier émérite. Ça me démange déjà... »

Propos recueilli par xxxxxxxxx

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