“J’ai perdu mon travail à cause d’un bonjour”

France Dimanche
“J’ai perdu mon travail à cause d’un bonjour”

Cette assistante maternelle a perdu l’agrément qui lui permettait d’exercer son métier suite à une plainte de parents. Tout ça parce qu’elle essayait d’apprendre les bonnes manières à leur petit garçon de 3 ans...

«Aujourd’hui, je me retrouve sans emploi à cause de parents qui n’ont pas accepté que j’insiste pour que leur enfant apprenne à dire “bonjour". Tout a commencé il y a un an et demi, quand j’ai décidé de demander un agrément au conseil général pour devenir assistante maternelle. Je l’ai fait parce que j’aime m’occuper d’enfants et que rester à la maison me permettait également de voir davantage les miens (10, 8 et 4 ans).

Avant d’accepter mon premier contrat, j’ai longtemps hésité. Les parents ne me confiaient leur petit bout de 3 ans que trois heures par jour, quatre fois par semaine ! Je l’avais 20 minutes avant de le déposer à l’école, pour le déjeuner et à la sortie de l’école, le temps que sa maman arrive. Lors de nos entretiens préalables, les parents semblaient d’accord avec moi sur tous les points que j’abordais, dont l’importance d’apprendre aux enfants à dire “merci", “s’il te plaît", “bonjour" et “au revoir".

Au début, tout se passait bien. Mais petit à petit, le petit garçon ne disait plus bonjour et rechignait devant le contenu de son assiette. Devant mes alertes, les parents m’ont d’abord encouragée à “le pousser un peu". Ce que j’ai fait, sans succès. Puis il a été malade et, pendant ces quelques jours, sur le conseil de la maman, je ne l’ai pas forcé à manger. Mais une fois qu’il a été rétabli, un midi, je n’ai pas cédé quand il a voulu passer directement au dessert sans manger ses légumes. Difficile d’en discuter avec la maman qui semblait toujours très pressée mais, comme tous les soirs, les parents ont trouvé dans le carnet de liaison un compte-rendu de la journée.

L’histoire a basculé quelques jours plus tard, quand ce petit garçon qui ne saluait personne s’est permis de faire remarquer à mon mari qu’il ne lui avait pas dit bonjour. Une remarque étonnante dans la bouche d’un petit de 3 ans ! Le soir, j’en ai parlé au papa et le surlendemain matin, la maman s’est mise à me hurler dessus dès que je lui ai ouvert la porte et ce devant les deux autres enfants ! Elle a affirmé que j’avais pris en grippe son petit et m’a accusée de tout ! Mes explications étaient vaines et l’après-midi, le papa me signifia que j’étais licenciée et qu’ils allaient tout faire pour que mon agrément, qui me permet de travailler, me soit retiré.

Pétition

C’est à ce moment-là que la machine s’est emballée. Le lundi suivant, la puéricultrice responsable de mon secteur est venue chez moi. Elle est restée 25 minutes, me reprochant mon manque de souplesse et m’affirmant que l’enfant était en souffrance chez moi. À aucun moment, elle ne m’a laissée livrer ma version des faits. Et le 5 mars, le conseil général me retirait mon agrément, malgré le témoignage des autres parents dont je gardais les enfants.

Une décision injuste, prise sans une véritable enquête et qui a déjà offusqué 4 852 personnes qui ont signé une pétition sur Internet (sur le site www.change.org). Je ne comprends pas pourquoi ce couple a souhaité m’empêcher de continuer à travailler. Pourquoi ne pas avoir tout simplement mis fin au contrat ? Pourquoi empêcher les autres parents de faire garder leurs enfants ? Loin de me décourager, je suis maintenant décidée à contester cette décision.

Propos recueilli par Julie Boucher

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