
A 65 ans, ce barman retraité a fait de sa maison un havre de paix et de jeu pour les matous abandonnés.
« J'ai moi-même connu l'abandon très jeune et j'ai eu la chance d'être recueilli par ma tante. Alors c'est peut-être de manière inconsciente que je me suis mis à recueillir les chats délaissés. Mais j'ai toujours aimé les chats. Tout petit déjà je m'en entourais, les caressais. A 30 ans, j'en avais déjà une bonne dizaine dans mon appartement parisien. Et c'est d'ailleurs pour ça que quand j'ai eu l'opportunité d'acquérir cette maison avec un jardin, je l'ai immédiatement saisie. J'ai rapidement aménagé la cour en grande chatterie, protégée et douillette, avec des ouvertures un peu partout entre l'intérieur et l'extérieur pour que les chats puissent aller et venir à leur guise. Je ne savais pas alors que j'en recueillerai des centaines d'autres.
Depuis j'ai carrelé toute la maison pour faciliter le nettoyage, mis des enceintes dans la chatterie pour faire écouter aux minous de la musique classique chaque soir. C'est un peu fou non ? Ils sont devenus mes compagnons de route. Je ne suis pas marié et je n'ai pas d'enfant. Parce que j'ai commencé à faire ça très jeune. Et c'est comme si j'étais entré dans les ordres ou dans une religion quelconque. Je me suis voué à mes choix. C'est presque comme si j'étais devenu un curé. Le curé des chats ! Ils demandent tellement d'amour. Et je n'ai jamais rencontré la personne qui accepterait de partager ma vie et d'être aussi dévouée aux chats.
Car s'occuper d'eux demande une discipline quasi militaire ! Chaque jour, je me lève à 6 h 30. Je prends mon café dans la cuisine, entouré par des dizaines de chats, et ensuite c'est parti. Je retire tous les journaux posés au sol dans la maison et dans la chatterie. J'astique toutes les pièces à la serpillière avec des produits spécifiques utilisés en animaleries. Mais surtout pas de javel hein ! ça stimule l'envie d'uriner des chats ! Et plusieurs fois par jour, je lave la chatterie au jet d'eau et la grande litière aménagée. Il faut aussi s'assurer du soin des chats au quotidien. Je donne les antibiotiques à ceux qui ont un traitement. De plus, ils doivent tous êtres traités aux vermifuges deux fois par an. Je tiens donc un classeur pour faire un roulement et leur donner à tous.

Certains m'aident heureusement. Je suis en lien avec 30 millions d'amis depuis 1997, une fondation que je vénère ! Ils me soutiennent deux fois par an pour les frais vétérinaires et les croquettes. Mais les dons que m'envoient parfois les gens me sont précieux car l'accueil, l'entretien et le soin des animaux coûtent cher. Certains aussi, qui m'ont vu à la télé, viennent me soutenir. Chaque semaine, un homme venu de Garches et une femme du voisinage viennent pour caresser et brosser les chats. Je le fais moi-même mais ils sont si nombreux qu'ils n'ont jamais trop d'attention.

C'est aussi pour ça que je suis autant lié à mes chats et aux animaux. Tous ces hommes ne me donnent pas envie de me raccrocher à eux. J'ai été déçu depuis longtemps par leur comportement. Car il ne faut pas oublier que derrière chaque chat que vous voyez chez moi, il y a un être humain qui l'a abandonné. »
Carlo Oddo, 29 av. Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94000 Créteil.
Tél. : 01 49 81 02 87
Son mail : charles.oddo@wanadoo.fr
Propos recueilli par Fanny Costes