« Je consacre ma vie à sauver celle des chats abandonnés et maltraités »

France Dimanche
« Je consacre ma vie à sauver celle des chats abandonnés et maltraités »

Cette enseignante a aménagé une partie de son jardin pour y accueillir une centaine de matous en détresse et parfois malades. Elle les remet sur pattes et se démène pour les faire adopter. Quitte à ne plus avoir beaucoup de temps pour elle.

« Tout est arrivé par hasard...... Un jour, une jeune ado du quartier m'a demandé de l'aide car elle avait recueilli un chaton que ses parents ne souhaitaient pas garder. Je me suis donc adressée à une association locale de défense des animaux, et c'est  là que la responsable m'a expliqué la réalité de la misère des bêtes. Ça a été un vrai choc ! À l'époque, j'avais élevé mon fils, et j'occupais un poste d'enseignante en tiers-temps. Je disposais donc de loisirs pour m'occuper des chats en détresse. Dans un premier temps, je me suis portée volontaire pour devenir famille d'accueil, c'est-à-dire prendre en charge à mon domicile des chats en attendant leur adoption.

Rapidement, je me suis retrouvée avec quatorze bêtes à la maison. J'ai donc aménagé une dépendance dans mon jardin pour les accueillir. Puis j'ai rencontré une autre femme dans le même cas que moi. En quelques mois, à nous deux, on hébergeait soixante-dix chats. C'était difficilement gérable, alors on a eu l'idée de créer une association, en janvier 2005 que l'on a appelé Le Chat Provincial. Depuis, nous avons agrandi la dépendance, créé des chatteries dans mon jardin, et nous nous occupons d'une centaine de matous !

Notre règle d'or est d'accepter tous les chats en détresse sans exception, y compris les animaux malades. Et même s'il nous coûte parfois bien plus cher de les garder en vie plutôt que de les euthanasier, nous refusons d'abréger l'existence de ceux qui peuvent être sauvés et adoptés. Toutes ces bêtes demandent évidemment beaucoup d'entretien et d'attention, alors j'ai peu de temps pour moi.

En général, je commence ma journée à 8 h par une tournée d'inspection générale : vérifier que tout le monde va bien, changer les litières, les nourrir. Ensuite, nous effectuons le ménage complet des sols et des cages. Il faut aussi gérer les coups de fil et les visites d'adoptants potentiels. En général, une fois que les bénévoles, entre quinze et vingt-cinq selon les périodes, sont partis, je m'accorde une pause pour dîner, et rester un peu avec mon mari.

Puis je retourne voir nos pensionnaires jusqu'à environ une heure du matin. C'est la nuit, dans les moments de calme que je tente d'amadouer les plus peureux, souvent traumatisés. Quand j'ai un morceau de “Vache qui rit“ au bout des doigts, ils s'approchent peu à peu et je parviens à les resocialiser pour qu'ils soient adoptables. Car c'est notre véritable objectif.

Chaque année, nous parvenons à faire adopter 550 chats. Voir partir mes pensionnaires me rend un peu triste, mais je dois continuer pour les autres. Et même si je leur apporte tout mon temps, ma patience et mon amour, je m'interdis de m'attacher à eux. Ce serait trop dur ! Mais pour rien au monde, je ne changerais ma situation. Même si parfois, j'ai des moments de découragement notamment lorsque l'on rencontre des problèmes de financement.

Avec près de 15 kg de croquettes, 30 sacs de litière par jour, au minimum, et les frais vétérinaires, le budget de fonctionnement du refuge s'élève entre 120 000  et 150 000 euros par an. Réunir cette somme n'est pas facile, malgré nos opérations adoption une fois par mois, c'est pourquoi nous comptons aussi sur les dons. C'est aussi le prix à payer pour que nos chats se sentent bien. D'autres fois, c'est difficile parce que je suis fatiguée et pourtant je n'ai pas le droit. J'accepte d'accueillir ces bêtes abandonnées alors je dois assumer.

De temps en temps, je m'accorde un week-end de trois jours, mais je ne pars plus en vacances depuis un moment. Je sais que certains disent de moi que je suis spéciale, mais je m'en moque. Je n'aurais pas pu vivre uniquement pour moi, je ne suis pas assez égoïste. Mon choix de vie me permet de donner du réconfort à des animaux abandonnés ... »

Le Chat Provincial, BP 370, 37703 Saint-Pierre des Corps Cedex
Site : www.lechatprovincial37.com

Propos recueilli par .................

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