
Ce quincailler avait tout le matériel nécessaire sous la main pour s'entraîner régulièrement. Par hasard, il s'est lancé dans la compétition, et il est devenu le meilleur !
"Je lançais déjà des couteaux à l'âge de 8 ans. L'objet me fascinait, tout comme son bruit lorsqu'il se plantait dans le bois. Je les lançais sur toutes les surfaces possibles : portes de placard, volets... Je ne pouvais pas résister ! Mon grand-père était quincaillier et, grâce à lui, j'avais accès à des couteaux de cuisine et à des Opinel, mais bien peu résistaient à ma passion !
À 30 ans, j'ai repris la boutique, et créé un rayon “chasse, pêche, coutellerie“. Mes fournisseurs m'ont procuré des couteaux de lancer, et j'ai commencé à m'entraîner pour mon plaisir sans penser qu'il existait des compétitions.
Puis, un jour, en allant à Paris pour un salon professionnel, par hasard, j'ai assisté à un spectacle de lancer de couteaux et discuté avec le lanceur, qui était très sympa. Il m'a avoué ressentir une douleur à l'épaule suite aux nombreuses démonstrations qu'il avait dû faire les jours précédents. Après quelques tests, et devant mon habileté, il m'a demandé de le remplacer au pied levé ! Ce que j'ai accepté avec plaisir !

Il m'a aussi parlé des championnats de France, auxquels il m'a conseillé de participer. Ce que j'ai fait en juin 2008. À ma grande surprise, j'ai remporté le titre sur mon épreuve préférée, celle du lancer longue distance.
Curieux, j'ai cherché sur Internet quel était le record du monde dans cette discipline, et je suis tombé sur la date du championnat du monde, qui avait lieu en octobre cette même année à Austin, au Texas. Je me suis inscrit et, à mon arrivée, les organisateurs et le président Mike Bainton m'ont réservé un accueil très chaleureux.

Mais je me suis également rendu compte que je n'étais pas au niveau dans les épreuves de lancers de précision. Alors, dès mon retour en France, je me suis entraîné presque tous les jours, et ce travail a payé assez vite puisqu'en 2009, j'ai remporté les championnats d'Europe dans cette catégorie. En novembre dernier, je suis retourné au Texas pour aller chercher le titre mondial. Là-bas ils m'ont surnommé Quick Pierre (Pierre le rapide), ce qui ne m'a pas empêché pas de me faire éliminer au deuxième tour de la compétition du Fast Draw (dégainé-lancé) !

Dans mon village breton, nombreux sont ceux qui m'encouragent. En France, il n'existe que quatre clubs de lancer de couteaux : en Alsace, au Mans, en banlieue parisienne et maintenant celui que nous avons montés à Callac avec Sylvain et Anthony, deux amis lanceurs !
Cette année, un nouveau challenge nous attend : l'organisation des championnats de France le 26 et 27 mai, dans notre village. Une bonne répétition pour nous qui envisageons d'accueillir le championnat du monde en Bretagne d'ici quelques années..."
Propos recueilli par Julie Boucher