“Je vis sur mon île secrète en aval de la Seine !”

France Dimanche
“Je vis sur mon île secrète en aval de la Seine !”

 

Gilles Ravinet, ce père de famille de 63 ans réside dans un lieu pour le moins insolite. Lorsqu’il s’est installé dans son île secrète de la Lorionne (Yvelines), il n’y avait ni eau ni électricité. Il en a fait un petit coin de paradis, uniquement accessible par bateau…Gilles Ravinet, ce père de famille de 63 ans réside dans un lieu pour le moins insolite. Lorsqu’il s’est installé dans son île secrète de la Lorionne (Yvelines), il n’y avait ni eau ni électricité. Il en a fait un petit coin de paradis, uniquement accessible par bateau…Gilles Ravinet, ce père de famille de 63 ans réside dans un lieu pour le moins insolite. Lorsqu’il s’est installé dans son île secrète de la Lorionne (Yvelines), il n’y avait ni eau ni électricité. Il en a fait un petit coin de paradis, uniquement accessible par bateau…

« J’ai découvert l’île de la Lorionne, située à une soixantaine de kilomètres de Paris, il y a vingt-cinq ans. Mon ami d’enfance en avait acheté la moitié, un demi-hectare, pour venir y passer des vacances.

Et je lui ai rendu visite un week-end. J’ai immédiatement eu un coup de foudre pour ce coin planté de chênes, de châtaigniers et d’érables. C’était un autre monde. La ville me semblait si loin.

Habiter sur une île était un rêve de môme. J’ai lu et relu les aventures de Robinson Crusoé ! J’avais envie et besoin de vivre près de l’eau qui m’apaise. Il y avait une vieille maison du xixe siècle et, dès que j’en ai eu l’opportunité, je l’ai achetée.

"La maison m’avait été vendue avec une petite barque à moteur qui nous a bien servis pour effectuer les allers et retours avec le continent !"

Au départ, ma femme n’était pas trop prête à larguer les amarres. Le temps d’un week-end, c’est plutôt rigolo de se laver à l’eau glacée mais tout un hiver... c’est une autre histoire !

C’est un projet de vie. Il fallait construire un petit port pour accoster, installer des barrages flottants en cas de crue de la Seine qui parfois monte de cinq mètres, effectuer un forage pour atteindre la nappe phréatique à six mètres de profondeur afin d’avoir de l’eau, tendre un câble sous-marin pour faire venir l’électricité. La maison m’avait été vendue avec une petite barque à moteur qui nous a bien servis pour effectuer les allers et retours avec le continent !

Au début, on faisait du feu dans la cheminée. Mais je savais bien que cela ne nous suffirait pas pour affronter les longs mois d’hiver. On a donc installé un chauffage à gaz.

Pour cela, il a fallu fabriquer un bateau capable de transporter des bouteilles de gaz de trente kilos ! Aujourd’hui, on s’en sert toujours pour rapporter les courses. Mais, entre-temps, on est passé au fioul : on transporte une cuve de mille litres. Un camion nous la remplit sur la berge. On a construit une grande réserve sur notre île et adapté un système de pompage efficace.

Aujourd’hui, on a presque l’eau potable. Je dis presque car on préfère toujours la faire bouillir. Si la nappe phréatique est polluée, on risque de ne pas s’en apercevoir. Notre fille, 26 ans, et notre fils, 21 ans, ont appris très jeunes à manœuvrer seuls un bateau. C’était leur environnement naturel. Et lorsqu’ils sont allés à l’école pour la première fois, ils ont trouvé bizarre que les autres enfants ne s’y rendent pas... en bateau !

La terre ferme, je ne la regrette pas. Le plus difficile quand on vit sur une île, c’est de la quitter pour aller dîner chez des amis ou partir en vacances. Au bout d’une semaine, l’air et l’odeur du fleuve nous manquent.

"On fait la cuisine avec ce qu’on a. Si on manque de pain frais, tant pis !"

Pour mon métier – je dirige un studio d’enregistrement –, il me suffisait de prendre le bateau cinq minutes pour la traversée et de m’engouffrer dans ma voiture pour rejoindre La Défense.

Vivre à Lorionne, c’est savoir se contenter de l’essentiel. J’ai arrêté de fumer car, pour trouver le tabac du coin, il faut affronter les éléments. On fait la cuisine avec ce qu’on a. Si on manque de pain frais, tant pis !

Au début, on n’avait pas le téléphone. On était injoignables et l’on donnait rendez-vous aux amis pour le samedi suivant. Je leur disais : “Quand tu arrives à proximité de la berge, tu klaxonnes trois fois toutes les trois secondes. On entendra, on viendra te chercher en bateau !" Ça avait son charme... Aujourd’hui, on a tous un portable. C’est la fin de l’isolement total.

Autre avantage : ici, on se sent vraiment en sécurité. Personne ne vient nous embêter. Parfois un pêcheur s’égare, pensant que l’île est toujours inhabitée... »

Alicia Comet

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