"L'Etat m'a retiré pendant près d'un an mon permis valable !"

France Dimanche
"L'Etat m'a retiré pendant près d'un an mon permis valable !"

"Le 18 février 2009, j'ai eu la mauvaise surprise de recevoir un courrier m'intimant l'ordre de restituer mon permis de conduire à la Préfecture du Loiret. J'avais, m'indiquait-on, perdu tous mes points. Surpris, je me suis exécuté, non sans avoir au préalable contacté un avocat spécialisé. Au tribunal d'Orléans, il a pris ma défense en demandant l'annulation de certaines infractions, notamment celles pour lesquelles des points m'avaient été retirées sans que j'en sois averti, conformément à la loi.

Le 2 avril 2009, le tribunal m'informe que ma requête est rejetée ! Je me retrouve donc dans l'impossibilité de conduire, un coup terrible pour moi qui suis commercial, et parcours 80 000 kilomètres par an pour mon travail.  Les six mois réglementaires de suspension s'écoulent tandis que je m'inscris dans une auto-école pour repasser mon code, avec les frais que cela engendre : 25 € de visite médicale, 145 € de tests psychotechniques et 182 € de leçon de code. J'allais entamer mes premiers cours lorsque, le 24 décembre 2009, je reçois un courrier recommandé du tribunal d'Orléans m'apprenant, à ma grande stupéfaction, que mon permis de conduire initial est toujours valable, et qu'il l'a toujours été ! On m'explique que les arguments de mon avocat ont été pris en compte et que 7 points m'ont été restitués. On me signale même que l'Etat m'octroie une indemnisation de 1 000 € pour le préjudice subi !

Mon calvaire n'est cependant pas tout à fait fini. Le 26 février dernier, le ministère de l'Intérieur m'informe que, pour récupérer mon permis, je dois signer une attestation par laquelle je m'engage à arrêter mon inscription au code de la route ! Je m'exécute... mais ne vois toujours rien venir. Je contacte donc le service des permis qui me demande de me déplacer pour venir rechercher mon papier rose. Il me faudra attendre mai 2010 pour être à nouveau en sa possession.

Aujourd'hui, si j'ai repris ma voiture, j'attends toujours mon indemnisation. Je m'interroge : comment l'Etat peut-il laisser pendant 16 mois un conducteur sans son permis alors que celui-ci est valable ? Est-ce que les conséquences, notamment la perte éventuelle d'emploi, sont mesurées ? Évidemment non ! Pourquoi avoir attendu neuf mois avant de m'informer qu'il était toujours valide ? Au-delà des frais divers engendrés par cette mésaventure, elle m'a fait vivre de longs mois dans la peur d'être pris sans permis lors de mes déplacements professionnels, car j'ai continué d'utiliser ma voiture.

En racontant mes malheurs, je tenais à informer les lecteurs de France Dimanche de ces pratiques incongrues et leur prodiguer ce conseil : ne vous laissez pas faire !

Propos recueilli par Cyril Bousquet

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