"Ma sonde cardiaque est devenue folle et a failli me tuer !"

France Dimanche
"Ma sonde cardiaque est devenue folle et a failli me tuer !"

"En 1996, les médecins m'ont diagnostiqué une insuffisance cardiaque. Pendant près de dix ans, j'ai donc pris un médicament pour le cœur qui m'a permis de mener une vie presque normale ; il fallait juste que j'évite les trop gros efforts. Mais en 2005, mon traitement est devenu insuffisant, j'ai fait plusieurs syncopes qui auraient pu être fatales.

Mon cardiologue m'a donc conseillé de me faire installer une sonde cardiaque reliée à un défibrillateur miniature qui est placé juste sous la peau de la poitrine. C'est un petit fil métallique chargé d'envoyer au cœur une légère décharge électrique pour lui redonner un rythme normal lorsqu'il se met à battre irrégulièrement. Je me suis fait opérer en juin 2006 et je dois dire que ce dispositif a été plus qu'utile. Sans lui, je n'aurais certainement pas survécu aux trois arythmies majeures dont j'ai été victime dans les mois qui ont suivi.

Hélas, j'étais loin de me douter qu'après m'avoir sauvé la vie, cet appareil serait à deux doigts de me tuer ! C'est pourtant ce qui m'est arrivé, en octobre dernier : j'étais assise sur mon canapé, en train de regarder la télévision, lorsque j'ai reçu comme un énorme coup de poing dans la poitrine ! La douleur était telle que j'ai hurlé le nom de mon fils, qui était en train de travailler à l'étage.

Quand Romain est arrivé, j'étais pétrifiée par la peur : j'avais déjà compris que ma sonde cardiaque était devenue « folle » ! J'apprendrais plus tard que ce modèle, la Sprint Fidelis fabriquée par la société américaine Medtronic, souffrait de défauts de conception et pouvait envoyer par erreur des chocs électriques aléatoires ! Du coup, ça ne s'arrêtait plus : en une demi-heure, j'ai reçu pas moins de 24 décharges ! Je n'en pouvais plus ! J'étais épuisée ! Et lorsque mon fils a voulu me prendre dans ses bras pour me venir en aide, il a lui-même ressenti une violente secousse qui l'a projeté en arrière !

Heureusement, les pompiers sont arrivés très vite et dans leur camion, ils ont passé un aimant sur ma poitrine pour désactiver ma sonde. Mais à l'hôpital de La Timone, un médecin m'a informé qu'il allait carrément me l'extraire et la remplacer par un matériel plus fiable. Depuis, j'ai donc une autre machine dans la poitrine et à ce jour, je n'ai heureusement plus eu le moindre problème. J'espère que ça va durer mais ce qui me rend vraiment malade, c'est que mon cardiologue ne m'ait jamais informé des risques que j'encourais alors que la défectuosité des sondes Sprint Fidelis était largement connue du corps médical français ... ».

[box type="info" style="rounded"]Témoignage de Louis Vincent, président de l'Association de Défense des Porteurs de Sondes Cardiaques Défectueuses (Tel : 04.78.74.40.07 - Email : adpscd@orange.fr) :
"Dès 2007, la société Medtronic a joué la transparence en informant les cardiologues des graves disfonctionnements de leur sonde, qu'elle a d'ailleurs immédiatement retirée du marché. Mais le scandale c'est qu'encore aujourd'hui, très peu de médecins français ont pris la peine de transmettre cette information à leurs patients ! Par pur laxisme !
Du coup, il existe encore dans notre pays des centaines de malades du cœur qui ne se doutent pas qu'ils ont en eux un appareil qui est une véritable “bombe à retardement“ !
En les informant, nous pouvons leur sauver la vie ! Sans oublier que ceux qui se feront remplacer leur sonde doivent aussi savoir que s'ils en font la demande, Medtronic peut leur verser des dommages et intérêts pour le préjudice qu'ils ont subi...".[/box]

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