"Mon mari et moi, allons-nous devenir SDF à cause de la crise ?"

France Dimanche
"Mon mari et moi, allons-nous devenir SDF à cause de la crise ?"

« Pour sortir de la spirale du chômage mon mari et moi avons repris une petite société. Ce nouveau “bébé“ arrivé tardivement au sein de notre famille a fait notre bonheur en nous permettant de donner un travail rémunéré à mon mari. Cela nous a permis de survivre et de payer toutes nos factures et surtout le crédit de la maison. Ayant déjà été en surendettement, nous ne sommes plus des fans des crédits en tout genre.

Ensuite la crise est arrivée, les grosses entreprises sont venus manger dans la gamelle des petits qui n'ont pas pu s'aligner au niveau des prix et ont commencé leurs descentes aux enfers. Beaucoup ont baissé le rideau et fermé définitivement. Pour éviter cette injustice et aussi parce que nous voulons croire que le monde n'est pas aussi pourri qu'il le paraît, nous avons mis notre “bébé“ en sommeil en espérant le voir redémarrer bientôt.

En attendant, en qualité de gérant mon mari n'a droit à aucune aide. A titre exceptionnel, on nous a accordé le RSA pour un montant de 521.47 € pour vivre à trois. Ce montant n'est même pas suffisant pour payer le seul crédit en cours, celui de notre maison, un crédit de 1 000 €. Cette modeste maison toute simple est notre seul signe de notre avancée dans la société.

Quand tout allait bien, la banque a refusé de renégocier notre prêt qui est de 5.12 % avec l'assurance alors qu'au moment de notre sollicitation, il était de 3 %. Aujourd'hui, notre maison est en vente et nos biens personnels aussi car il ne nous est plus possible de survivre avec une somme aussi modeste. Consciente de la difficulté de nos jours à obtenir des aides, il apparaît que les difficultés ne sont pas pour tout le monde. Comment peut-on envisager d'aider les pays extérieurs et laisser mourir les Français en détresse ?

Sur ma maison, il nous reste 130 000 € à rembourser. Pendant que certains gagnent honteusement des sommes indécentes et pourraient payer mon habitation avec un seul mois de salaire, nous devons faire face à la peur de voir saisir notre bien. Notre pays ne sait pas faire de social. Combien de gens sont malheureusement dans le même cas que nous et espèrent, en vain, un coup de main pour sortir de cette situation indépendante de notre fait.

Combien espèrent encore en l'homme ? A 52 ans et 49 ans, dites-nous quelles sont nos chances de trouver un travail en dehors du redémarrage de notre société. Pour cela des investissements lourds sont nécessaires et notre situation financière n'est pas la meilleure pour montrer patte blanche et faire preuve de bon sens.

Qu'allons nous devenir ? des SDF ? Mon mari a travaillé dur physiquement et s'est investi corps et âme dans son travail. Quant à moi, j'ai effectué le secrétariat et la comptabilité sans rémunération, le temps d'évoluer... ou le temps de tout fermer à jamais. Le temps de tourner la page sur notre carrière et notre vie. Le temps pour nous de dire il était une fois...

Qui va comprendre la détresse dans laquelle nous sommes ? Nous nous demandons pourquoi notre volonté de réussir a été si mal récompensée ? Pourquoi une telle injustice à notre égard ? »

*Prénom d’emprunt. Melody et son mari tiennent à garder l’anonymat.

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