Solitude : “Juste un signe de la main me suffirait…”

France Dimanche
Solitude : “Juste un signe de la main me suffirait…”

A 42 ans, Christelle Delion, cette femme partiellement handicapée vit seule dans son appartement de 50 m2, à Nort (Deux-Sèvres) et souffre de solitude. Elle lance un appel dans France Dimanche pour nouer des liens et sortir de son isolement.

«Les médecins et mes parents me l’ont répété : “il faut vous trouver des occupations !" Mais voilà, je vis seule et je m’ennuie.

Je ne gagne pas ma vie et perçois une allocation d’adulte handicapé de 900 € par mois car j’ai des vertiges, des crises d’angoisse. J’ai bien essayé les antidépresseurs, mais sans résultat.

Une journée, c’est long quand on n’a pas d’amis. Cela fait dix ans que je vis comme ça. J’ai voulu quitter mes parents, qui ne sont plus tout jeunes. Je passe encore les week-ends chez eux, mais ce n’est pas une solution !

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Ma mère me prépare mes repas à l’avance, que je congèle, puis réchauffe ensuite au micro-ondes. Je ne sais pas faire la cuisine. De toute façon, quand le soir arrive, je n’ai même plus envie de manger. La nourriture ne passe pas. J’en ai vu, des psychologues, des magnétiseurs ! C’est dans ma tête que cela ne va pas. Je tourne en rond.

La télévision me requinque un peu. J’écoute les informations à la radio tous les matins, ça me distrait. Je lis tous les magazines people – dont France Dimanche auquel je suis abonnée – mais cela ne remplit pas une journée. Quant à mes voisins, je m’aperçois qu’ils n’ont pas envie de me rencontrer : ils ont leur vie, leur travail, leur couple, leurs enfants à gérer.

Et puis je ne peux pas vraiment me déplacer. Je marche avec un déambulateur et quand je suis à la maison, je m’appuie sur une chaise ou sur la table pour rester droite.

Je songe à entamer une collection de cartes postales. Je m’inventerais des histoires de voyages, d’ailleurs. Je me suis acheté un livre de coloriage pour adulte, mais je n’ai pas eu le courage de l’entamer.

Inscrite sur Facebook, je n’ai que deux amies que je ne vois pas. Cela ne s’achète pas, les amis. Je rêve d’en avoir pour jouer au Scrabble l’après-midi, pour faire une partie de belote, pour discuter, rigoler un peu. Je ne vais tout de même pas me payer une dame de compagnie.

"Avoir de la compagnie pourrait me redonner confiance en moi. Seule, on n’arrive pas à grand-chose."

J’adore les romans, mais le contact humain me manque. J’ai besoin de rencontrer des gens qui me comprennent, qui auraient envie de venir passer une heure à la maison, une ou deux fois par semaine. La solitude, c’est horrible.

Et, grâce à votre magazine, j’espère bien trouver des personnes qui habitent près de chez moi. C’est un peu un appel au secours que je lance. Il y a bien d’autres gens sur cette terre qui savent que la solitude est vraiment insupportable.

Pourquoi un club du troisième âge ne viendrait-il pas chez moi pour se distraire ? Si je suis encore jeune, j’apprécie les personnes plus âgées, qui elles aussi souffrent d’être seules. Je sais jouer aux dames, aux petits chevaux, au rami...

Je rêve d’un monde plus solidaire. J’ai un immense besoin de parler, même quelques minutes au téléphone. Je suis prête à accueillir des enfants dans mon petit appartement : avec eux, on pourrait jouer à un jeu vidéo ou regarder un dessin animé en DVD.

Avoir de la compagnie pourrait me redonner confiance en moi. Seule, on n’arrive pas à grand-chose. On se sent inutile. Je sais que je suis dans une impasse. Si quelqu’un pouvait me faire un signe... Juste un petit signe de la main ? »
Alicia Comet

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