Agir contre l’arthrose

France Dimanche
Agir contre l’arthrose

 
L'arthrose, disons-le tout net, ce mal chronique peut nous pourrir la vie ! La douleur peut être vive et la maladie handicaper la vie courante. Pourtant, on peut freiner son évolution et soulager les crises avant de recourir à la chirurgie. Mode d’emploi.

NOTRE EXPERT

Il faut associer
traitements médicamenteux,
perte de poids
et hygiène de vie"
Pr François Rannou,
rhumatologue et médecin rééducateur
à l’hôpital Cochin (Paris),
trésorier de la Société internationale
de recherche sur l’arthrose (OARSI)

COMPRENDRE LA MALADIE

« Il n’y a pas une, mais des arthroses », souligne notre expert.
La destruction du cartilage est principalement due à quatre causes :
- Traumatismes répétés et/ou mal soignés (entorses, fractures...),
- Surpoids ou obésité (surtout après 65 ans),
- Facteurs héréditaires et hormonaux,
- Vieillissement, à partir de 75 ans.
Pour poser le diagnostic, le médecin prescrit une radio afin d’évaluer l’épaisseur du cartilage, et donc l’étendue de la maladie.
L’arthrose peut évoluer par poussée aiguë : l’articulation gonfle, et une douleur mécanique, mais aussi inflammatoire, apparaît.
Lorsque la maladie devient chronique, les principaux symptômes sont la douleur mécanique, lors de l’utilisation de l’articulation, et la raideur.
La chirurgie est l’étape ultime quand la douleur est très handicapante. En tout, 120 000 prothèses de hanche et 80 000 du genou sont posées chaque année en France, et très bien supportées.

En France, plus de dix millions de personnes souffrent d’arthrose, et près de la moitié d’entre elles ont moins de 60 ans ! Cette maladie chronique est même la première cause de handicap après 40 ans. Les articulations les plus touchées sont les genoux, les mains et les hanches. Les causes sont multiples, les traitements qui soulagent variés, tout comme les aides naturelles. Mais une chose est sûre : plus on s’en occupe tôt, mieux on préserve ses articulations.

Que faire en prévention ?

Surveiller sa ligne.�
Notamment son tour de taille. Il est impératif de perdre du poids en cas d’obésité.
Ne pas négliger les traumatismes.�
On ne laisse jamais « courir » une entorse ou un autre traumatisme ostéo-­articulaire, on veille au diagnostic et on suit un traitement adapté avec de la rééducation. Pour les femmes qui ne présentent pas de contre-indications, prendre un traitement hormonal substitutif au moment de la ménopause a des effets positifs sur les articulations, les tendons, les muscles, les os, la peau, le cerveau, la libido et le moral !
S’activer !�
L’inactivité est le pire ennemi de la maladie.� Alors, pour conserver une bonne mobilité, on se bouge, après un petit échauffement pour déraidir les articulations : on essaie d’effectuer 6 000 pas par jour au minimum et de pratiquer régulièrement une activité physique, comme le vélo (2 fois par semaine), la marche rapide (3 fois une demi-heure par semaine), l’aquagym, l’aquabiking (vélo dans l’eau), la gym douce, le tai-chi, le qi gong, sans forcer...
Aller chez le kiné.�
Les séances chez un kinésithérapeute permettent de renforcer les muscles, donc la stabilité de l’articulation, et de conserver une bonne amplitude articulaire.

Si j’ai une crise inflammatoire ?

Prendre des antalgiques.�
En cas de poussée, la prise d’antalgiques (paracétamol) et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, en comprimés ou en crème, va réduire l’inflammation. Veillez à ne pas en abuser, car ils ont des effets indésirables, digestifs et cardio­vasculaires. En cas de fortes douleurs non soulagées par les antalgiques, le médecin peut prescrire des corticoïdes en injections dans l’articulation.
Se mettre au repos.�
Attelle, orthèse, genouillère..., on immobilise l’articulation douloureuse et on utilise une canne s’il le faut, des semelles orthopédiques pour préserver genoux et hanches, des semelles épaisses afin d’amortir les chocs. Cela diminue les contraintes mécaniques sur l’arti­culation douloureuse.
Appliquer du froid.�
En cas de poussée inflammatoire, et seulement dans ce cas, on applique sur la zone douloureuse une poche de glace enveloppée dans un linge.

En cas de douleurs chroniques ?

Miser sur les Aasal.�
Il faut miser sur les antiarthrosiques d’action lente (Aasal), comme la chondroïtine, substance extraite du cartilage de raie, de requin ou de bœuf, ou la glucosamine, issue de la carapace de crustacé. Ces deux substances synthétisées par l’orga­nisme participent à la formation des différents éléments articulaires : cartilage, ligaments et tendons. « Elles ne sont pas miraculeuses mais, prises au long cours, elles réduisent les poussées douloureuses et améliorent la qualité de vie de certains patients », assure le rhumatologue.
Recourir aux injections.�
Celles-ci lubrifient l’articulation (généra­lement le genou). Trois injections, peu douloureuses, sont pratiquées à une semaine d’intervalle et soulagent parfois ­pendant plusieurs mois.
Appliquer du chaud.�
Si les muscles sont contractés, on peut pratiquer des enveloppements chauds ou prendre un bain à 40 °C. Cela apaisera les blocages et calmera la douleur.
Faire une cure thermale.�
« Plusieurs études sérieuses ont démontré l’efficacité des cures thermales à la fois sur la douleur et sur la mobilité articulaire, explique notre expert. Dans l’année qui suit la cure, les patients vont mieux, ont moins mal et prennent moins de médicaments. L’effet placebo est en effet très important dans cette maladie : il agit dans 30 % à 60 % des cas. » Prescrite par un médecin, la cure en rhumato­logie est prise en charge par la Sécurité sociale à 65 %. Quelques stations sont spécialisées telles Aix-les-Bains et Brides-les-Bains (Savoie), Balaruc-les-Bains (Hérault), Ax-les-Thermes (Ariège), Eugénie-les-Bains (Landes) ou Jonzac (Charente-Maritime).

TÉMOIGNAGE

J’ai pu reprendre le sport"
Loïc Kalish, 51 ans, Paris
«Je me suis fait poser une prothèse totale de hanche en 2009. Depuis des années, déjà, je souffrais d’arthrose et je n’avais plus de cartilage. Je commençais à boiter et l’opération était devenue la seule option, même si, à 46 ans, j’étais de loin le cadet du service d’orthopédie. Quelques mois après l’intervention, j’ai pu reprendre une activité sportive presque normale. Seul bémol : en étant opéré aussi jeune, je sais que je devrai passer à nouveau sur le billard car, pour quelqu’un qui est encore actif, une prothèse, même en titane, s’use au bout d’une vingtaine d’années. »

Florence Heimburger

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