PRATIQUE : Éviter les arnaques du dépannage à domicile !

France Dimanche
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Factures faramineuses et interventions bâclées : de plus en plus d'artisans peu scrupuleux appelés en urgence se livrent à des abus inacceptables.

Qui n'a jamais eu affaire à un serrurier qui débloque, à l'aide d'une carte, la porte claquée avec les clés à l'intérieur en deux minutes avant d'assommer le client d'une facture de plusieurs centaines d'euros ? Ou à un plombier qui débouche un évier en démontant un siphon ou en versant un peu d'acide, puis qui se fait payer 600 euros sa prestation d'un quart d'heure ? Les abus sont d'autant plus faciles que l'intervention de ces soi-disant « professionnels du dépannage » est souvent motivée par une situation d'urgence. On ne compte plus les histoires de ce genre sur les forums Internet et les plaintes de consommateurs floués n'ont cessé d'augmenter ces dernières années.

Derrière ces escrocs se cachent des sociétés parfaitement organisées, qui n'hésitent pas à dépenser de fortes sommes en publicité, y compris pour être mieux référencées sur Internet et apparaître dans les Pages jaunes. De même, elles déversent tout au long de l'année dans les boîtes aux lettres des petits cartons qui listent des numéros de dépanneurs et mènent souvent aux mêmes professionnels peu scrupuleux.

LES PRÉCAUTIONS À PRENDRE

• Les arnaques du dépannage à domicile sont un serpent de mer qui sévit depuis plus de trente ans. Pourquoi la loi n'a-t-elle pas durci les textes envers ces escrocs en les punissant, par exemple, de lourdes peines financières ?

Le législateur n'a pas cru devoir légiférer davantage. Les peines encourues sont de 5 ans de prison et 375 000 euros d'amende, mais elles ne sont jamais prononcées.

• Pourquoi une interdiction d'exercer n'est-elle pas infligée à ces escrocs notoires qui retravaillent souvent sous le couvert d'une autre société ?

Une interdiction d'exercer peut être certes prononcée, mais le condamné recourt souvent à un prête-nom pour ouvrir une autre structure, ce qui fait que la peine est ainsi détournée en toute quiétude. Car, au niveau du tribunal de commerce, le nouveau gérant de « paille » a un casier judiciaire vierge et, au regard des textes du commerce, est donc apte à diriger une entreprise.

• Que conseillez-vous à une personne âgée et vulnérable si un dépanneur se présente chez elle ? Déjà, de se faire expliquer l'origine du problème et de rester auprès du professionnel durant l'intervention. Mais aussi de réclamer la remise d'un devis AVANT les travaux et de ne le signer qu'après l'avoir lu en détail. Si la note paraît trop élevée, il convient de refuser la prestation. Et si le professionnel se montre agressif ou menaçant, il ne faut pas hésiter à faire appel aux forces de police. Pour les personnes vulnérables, il est recommandé de se faire accompagner d'un proche, d'un voisin, du concierge...

• N'existe-il pas un service d'État qui répertorie les serruriers et les plombiers agréés ? Il n'y a pas de service d'État dédié, mais un assureur peut fournir des adresses, tout comme le syndic de l'immeuble ou le bailleur. On peut aussi consulter les sites de la Fédération française du bâtiment (www.ffbatiment.fr) ou de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (www.artisans-du-batiment.com).

• Après les travaux, quels sont les recours si l'on s'est fait flouer ? Contester la facture par courrier recommandé avec AR en demandant un remboursement. En cas de refus, il est possible de déposer plainte contre la société pour abus de faiblesse s'il s'agit d'une personne vulnérable, ou pour non-respect des règles du démarchage à domicile si le professionnel a imposé la vente d'un nouveau matériel. Et saisir la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) au 3939.

Pratiques douteuses

Ces cartes « SOS dépannage » tentent aussi de faire croire à un caractère officiel en mêlant les coordonnées téléphoniques des administrations à celles de ces intervenants « multiservices » ! Des pratiques commerciales douteuses, qui s'ajoutent ensuite à l'absence de devis et à des réparations faites en dépit du bon sens, parfois à l'aide de fausses pièces et avec des temps d'intervention gonflés... Commissaire, qu'en pensez-vous ?

LA PRUDENCE EST DE MISE !

Ce n'est hélas pas une nouveauté et on ne multiplie pas assez les appels à la prudence, surtout chez les personnes âgées, très vulnérables.

La première chose à faire est de jeter immédiatement à la poubelle les affi chettes déposées dans les boîtes aux lettres par ces artisans peu scrupuleux qui se présentent comme des intervenants d'urgence et qui ne sont, en réalité, que des escrocs. Il est souvent diffi cile de trouver dans l'urgence un dépanneur sérieux avec des tarifs raisonnables. Raison pour laquelle il faut garder sous la main les numéros d'appels d'artisans répertoriés pour la qualité de leur travail et de leurs tarifs. La liste n'a pas besoin d'être longue : elle doit juste contenir les numéros de deux plombiers, électriciens et serruriers, qui peuvent intervenir en temps normal et dans les cas d'urgence, (en général, ils mentionnent un numéro spécifi que).

La diffi culté réside surtout lorsqu'il s'agit d'une soirée, d'une fi n de semaine ou d'un jour férié... D'où cette précaution d'avoir sur soi ces quelques numéros !

Comissaire Vénère

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