PRATIQUE : N'achetez plus, louez !

France Dimanche
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Au lieu d'investir dans des appareils que vous n'utilisez qu'une ou deux fois par an, optez pour la location, moins chère et plus écologique.

Dix minutes par an. C'est la durée moyenne d'utilisation d'une perceuse par foyer français (source : Ademe 2018). À quoi sert d'acheter un outil qui coûte parfois plus de 150 € et encombrera vos étagères pour s'en servir aussi peu ? Alors que vous pouvez la réserver pour 10 € par jour chez Leroy-Merlin, voire 1,80 € à la bibliothèque d'objets Kikassi Kikassa à Arles (13).

Aujourd'hui, il est possible de louer à peu près tout et n'importe quoi, de la machine à coudre au barbecue, en passant par les boules de pétanque chez Locagame à Marseille pour 1 € par jour chacune. Un bon moyen de lutter contre la surconsommation et la surproduction tout en limitant les déchets. Mais aussi une belle occasion de découvrir des loisirs, des passions, un sport...

80 % des Français affirment privilégier la valeur d'usage à la simple propriété.

Si la location entre particuliers via Internet a connu une forte croissance ces dernières années, les professionnels développent eux aussi une offre en magasin. Traditionnellement centrée sur le bricolage ou le jardinage, elle s'élargit peu à peu. Ainsi l'abonnement proposé par Bocage à 34 € par mois permet de porter une paire de chaussures neuves tous les deux mois. De même, depuis octobre, Decathlon s'est lancé dans la location de vélo enfant pour 3 à 8 € par mois et teste d'autres équipements pour la musculation, le camping, la pêche. À choisir de louer, pourquoi ne pas opter pour une location /service ? Vous n'aurez pas que du matériel mais aussi des conseils de bricolage, des recettes, des astuces de couture... Ainsi Decathlon à Lille avec ses appareils de musculation propose un régime alimentaire et un programme d'entraînement (9 € par mois).

« La location, ce peut être une fausse bonne idée, si elle se limite à l'objet. Il faut aller plus loin et se demander quels services on peut y associer », insiste Claire Pinet, ingénieure à l'Ademe.

Poussés par la pénurie de matières premières, la hausse des prix et le souci de préserver les ressources de notre planète, les Français sont en effet amenés à réviser leur façon de consommer. Selon une étude menée fin 2021 par Obscon à la demande de Decathlon, 80 % des personnes interrogées affirmaient privilégier l'usage à la propriété. En faites-vous partie ?

“Dix pour cent du prix du neuf"

La première est née en 2015 à Nantes et aujourd'hui, les bibliothèques d'objets éclosent un peu partout en France et s'organisent en réseau. Le principe : louer à prix très bas, voire prêter, comme à Nantes à la Boutique du partage, une large gamme d'objets. On trouve des outils de bricolage entre 2 et 10 € par jour à l'Établi à Angers ou une machine à coudre pour 1,80 € par jour à Kikassi Kikassa à Arles où l'on ne paie que le coefficient d'usure. Deux autres lieux devraient ouvrir très bientôt à Paris et à Montreuil (92). Fabien Estivals nous a parlé de l'aventure de Ma Bibliothèque d'Objets à Toulouse.

France Dimanche : Combien d'éléments comporte votre catalogue ?

Fabien Estivals : Nous en avions 170 à l'ouverture début février, mais notre stock s'étoffe grâce à des dons de particuliers ou d'entreprises. Le matériel, qu'il soit acheté neuf ou d'occasion, est toujours robuste et durable. En tête de nos objets vedettes, le broyeur à végétaux, le gaufrier, la machine à pain, à coudre, la yaourtière, l'appareil à raclette.

FD : Quels sont vos tarifs ?

FE : Ils représentent 10 % du prix du neuf, soit en moyenne 7 € pour 6 jours et une adhésion de 5 € par an. Tout le matériel est testé avant la location et au retour. Et si les objets sont cassés ou abîmés, nous les réparons nous-mêmes à nos frais. Mais nous ne faisons pas que louer, nous donnons des conseils, des recettes...

FD : Comment se rend-on à la bibliothèque ?

FE : En voiture, à vélo ou en bus. Et nous disposons de six points relais dans d'autres quartiers, et bientôt davantage, pour être au plus près de notre public.

FD : Quelles seront les prochaines évolutions ?

FE : Passer de trois jours d'ouverture à cinq ou six, créer de la convivialité avec des ateliers de couture, de cuisine, de bricolage, de réparation d'objets. L'accueil est très important, car nous devons aussi aider ceux qui n'ont pas Internet ou pas d'ordinateur. L'humain a toujours été au centre de notre projet.

Principes de précaution

La démarche de proposer à la location s'accompagne aussi de conseils dans l'emploi des outils. La sécurité d'utilisation est primordiale. N'hésitez pas à solliciter votre interlocuteur.

1. Demandez un contrat de location, surtout pour le gros outillage.

2. Vérifiez que l'assurance pour les dégâts causés au matériel est bien comprise dans le prix de la location.

3. Rappelez au loueur qu'il doit proposer un matériel en état de marche et sûr, et que l'obligation de réparer les objets cassés lui revient.

Tout défaut du matériel loué comme des rayures doit vous être signalé et porté par écrit.

Chiffres clés : 2, 5 tonnes d'objets

C'est le poids moyen qu'accumule chaque logement en France (Source : Ademe)

Béatrix GRÉGOIRE

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