Se vacciner… contre les idées reçues

France Dimanche
Se vacciner… contre les idées reçues

La vaccination est considérée comme l’un des plus grands progrès de la médecine. Mais la peur des effets secondaires provoque la défiance d’une partie de la population. À tort ou à raison ? France Dimanche fait le point.

NOTRE EXPERTE

“Il faudrait une plus grande transparence
sur la balance
bénéfices-risques
et davantage écouter
les victimes."
Brigitte Bègue,
journaliste santé
et auteur du livre
“Vaccins, le vrai du faux"
Ed. Delachaux et Niestlé, 13,90 €.

Les grands fléaux sont éradiqués en France : il n’est donc plus nécessaire d’y recourir

FAUX � Les agents infectieux responsables de la poliomyélite et de la diphtérie n’existent certes plus dans l’Hexagone, mais ils continuent à circuler dans certaines parties du monde. Sans vaccination, ces maladies risqueraient de réapparaître. La bactérie du tétanos, elle, vit dans le sol où elle persiste indéfiniment, y compris en France.

L’autisme peut être causé par l’injection du ROR

FAUX � En 1998, une étude publiée dans la très sérieuse revue médicale britannique The Lancet avait montré un possible lien entre le vaccin Rougeole-oreillons-rubéole (ROR) et l’autisme. Cette publication, récusée, a été retirée. Mais la vaccination a chuté dans tous les pays industrialisés, ou presque. Résultat, selon les autorités de santé : des petites épidémies de rougeole sont de nouveau constatées dans divers pays d’Europe, dont la France (23 000 cas entre 2008 et 2012). Or, la rougeole peut se compliquer de troubles pulmonaires et neurologiques graves, parfois mortels. Pour la femme enceinte, la rubéole est susceptible d’entraîner des malformations irréversibles du fœtus. De même, les oreillons contractés après la puberté augmentent le risque de méningite, de perte d’audition et de stérilité chez l’homme... Pour éradiquer ces trois maladies en France, il faudrait que 95 % des enfants de moins de 2 ans aient reçu le ROR. Ils sont 87 % à être vaccinés aujourd’hui.

L’antigrippe n’est pas efficace

VRAI et FAUX � L’efficacité de ce vaccin n’est pas évidente : on manque d’études indépendantes pour en faire la démonstration. D’une année à l’autre, le virus mute et il n’est pas facile de faire concorder les souches incluses dans le vaccin (préparé six mois à l’avance) avec celles qui circulent. Mais, selon l’organisation indépendante Cochrane, le vaccin réduit grandement les symptômes grippaux. Or, si dans la majorité des cas, on guérit de la grippe en une semaine, chez les personnes âgées ou affaiblies, elle peut se compliquer et provoquer la mort. C’est pourquoi l’injection est gratuite et fortement conseillée pour les plus de 65 ans et les personnes souffrant de pathologies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque, asthme...).

Les effets secondaires sont possibles

VRAI � Comme les médicaments, les vaccins peuvent avoir des effets secondaires dont certains importants : syncopes, vertiges, choc anaphylactique [allergie mortelle, ndlr], maladie auto-immune avec le Gardasil (vaccin contre le cancer du col de l’utérus), narcolepsie (envies de dormir incontrôlables dans la journée) avec le Pandermix, le vaccin contre la grippe A (H1N1) ou, pire, la sclérose en plaques avec l’hépatite B... Compte tenu du nombre de personnes vaccinées en France et dans le monde, les effets secondaires demeurent heureusement rares.

Il n’existe pas de contre-indications

VRAI et FAUX � Aucune réserve pour les vaccins « inactivés » (diphtérie, tétanos, poliomyélite injectable) qui sont par ailleurs obligatoires. En revanche, les vaccins « vivants atténués » (BCG, ROR, fièvre jaune, varicelle, rotavirus, etc.) sont déconseillés chez ceux dont le système immunitaire est affaibli, qui ont un traitement immunosuppresseur [pour combattre le rejet lors d’une greffe par exemple, ndlr] et chez les femmes enceintes. Et ils sont à bannir chez les patients présentant des antécédents d’hypersensibilité aux excipients ou aux substances ayant servi à la fabrication du vaccin (œufs, gélatine, protéines de poulet...) : « Il est fondamental que les médecins se réfèrent aux contre-indications (régulièrement mises à jour) et prennent le temps d’interroger leurs patients sur leur santé avant de les vacciner », plaide Brigitte Bègue.

La France est l’un des pays d’Europe les plus contraignants

VRAI � Trois vaccins sont obligatoires dans notre pays : diphtérie, tétanos et polio, auxquels s’ajoutent l’hépatite B, pour les étudiants en médecine, et la fièvre jaune en Guyane. Les autres vaccinations sont recommandées. Ailleurs, en Europe de l’Ouest, aucun n’est imposé, mais tous sont préconisés.

Les additifs sont dangereux

VRAI et FAUX � Des adjuvants rendent les vaccins plus efficaces et assurent leur conservation. Mais d’après certaines études, ils auraient des effets néfastes : douleurs musculaires, fatigue chronique, troubles cognitifs invalidants avec l’hydroxyde d’aluminium, cas rares de narcolepsie avec le squalène (huile extraite du foie de requin). Le thiomersal, dérivé de l’éthylmercure, aurait une action neurotoxi­que à des doses cumulées. Les autorités sanitaires ont demandé aux fabricants d’éliminer « le plus rapidement possible » l’éthylmercure, et recommandé de vacciner les nouveau-nés avec des sérums sans thiomersal. On en trouve encore dans certains sérums antigrippaux et contre l’hépatite B à des doses infimes.

TÉMOIGNAGES

“Le sérum contre l’hépatite B a bousillé ma vie"
Betty, 39 ans, Strasbourg (Bas-Rhin)
« Je me suis fait vacciner contre l’hépatite B dans les années 90, lors d’une grande campagne nationale. Avant, j’étais en parfaite santé. Après les trois injections, j’ai commencé à développer divers symptômes : fatigue et troubles de la vue qui ont pris de l’ampleur. Par la suite, on m’a diagnostiqué une sclérose en plaques. En 1998, Bernard Kouchner, alors secrétaire d’État à la Santé,
a décidé de suspendre la vaccination dans les collèges. En grande souffrance, j’ai fini par déposer une plainte au pénal. Je n’ai pas pu conserver mon emploi, et mon couple n’a pas survécu à ma maladie. Aujourd’hui, je suis totalement dépendante. Je vis en fauteuil et j’ai besoin d’assistance au quotidien, ma vie de femme est brisée. Même si on ne doit pas remettre en question le principe, mon histoire doit inciter à une réflexion sur les campagnes massives de vaccination ! »
Pour en savoir plus : l’association Revahb (Réseau vaccin hépatite B) regroupe les victimes. 6, rue du Général-de-Gaulle, 93360 Neuilly-Plaisance. Tél. 01 43 08 86 40 et www.revahb.fr

“Cela fait 15 ans que je me fais vacciner contre la grippe"
Gilbert, 70 ans, Saint-Quentin-Fallavier (Isère)
« En 1957, alors que j’étais enfant, j’ai attrapé la grippe asiatique [2 millions de morts selon l’OMS, ndlr]. J’en garde un très mauvais souvenir ! Plus tard, à mon travail, dans les usines Renault, on nous recommandait de nous faire vacciner contre la grippe. J’ai continué lorsque j’ai pris ma retraite. Tous les cinq ans, mon médecin me protège aussi contre le pneumocoque pour éviter les bronchites. Cette année, j’en ai attrapé une juste avant l’injection ! Mon voisin sexagénaire, qui ne se fait jamais vacciner, a, lui, attrapé la grippe. Et il lui a fallu du temps pour s’en remettre. »

Pour en savoir plus :

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Florence Heimburger

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