Stop aux idées reçues !

France Dimanche
Stop aux idées reçues !

 
En matière de santé, les préjugés sont légion, stop aux idées reçue. Didier Raoult, professeur de microbiologie de renommée internationale, nous aide à faire le tri entre risques réels et peurs sans fondement, thérapies efficaces et remèdes fantaisistes.En matière de santé, les préjugés sont légion, stop aux idées reçue. Didier Raoult, professeur de microbiologie de renommée internationale, nous aide à faire le tri entre risques réels et peurs sans fondement, thérapies efficaces et remèdes fantaisistes.

Peur d’Ebola, du bioterrorisme, des vaccins, des ondes électromagnétiques... Notre société est anxiogène. « Pourtant ces peurs, souvent véhiculées, voire amplifiées, par médias et politiques sont loin d’être justifiées », tempête le Pr Didier Raoult. Fort de son expérience de microbiologiste, ce chercheur dénonce dans son dernier livre, publié récemment, les théories admises par une bonne partie du corps médical.

NOTRE EXPERT

"On a davantage peur de ce qui est nouveau que de ce qui est ancien. Pourtant, on ferait mieux de craindre les produits connus, bien plus ravageurs, comme le tabac, le sucre et le sel, le triplé mortel du xxie siècle."
Didier Raoult,
professeur de microbiologie à la faculté de Marseille et directeur de l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, est l’auteur de "Votre santé. Tous les mensonges qu’on vous raconte
et comment la science vous aide à y voir plus clair", éd. Michel Lafon, 17,95 €.

S’exposer au soleil est périlleux

FAUX  « C’est grâce à lui que notre corps peut fabriquer la vitamine D, une molécule qui prévient le rachitisme (déformation des os chez les jeunes enfants), l’ostéoporose et jouerait un rôle dans la réponse immunitaire », rappelle notre expert. Cet astre aurait également une action protectrice contre le psoriasis et un effet antidépresseur.
Néanmoins, il est vrai qu’une exposition prolongée au soleil augmente le risque d’avoir certains cancers : carcinomes basocellulaires et mélanomes chez les personnes à peau très claire (en particulier chez les roux). Mais ces tumeurs seraient para­doxalement moins sévères chez les personnes ayant beaucoup pris le soleil au cours de leur vie que chez les personnes moins exposées. Par conséquent, « la seule recommandation valable, selon moi, est d’éviter les coups de soleil à répétition chez les sujets à risque », affirme le professeur de microbiologie.

L’aspartame est dangereux

FAUX  Doté d’un pouvoir sucrant 200 fois plus élevé que le sucre et nettement moins calorique, l’aspartame est utilisé sous forme de sucrettes et comme additif alimentaire dans de nombreux produits (desserts, sodas, confiseries, produits laitiers, chewing-gums...). Des études réalisées sur des rongeurs ont suggéré que cet édulcorant pouvait augmenter le risque de cancer, altérer le système nerveux central et provoquer des troubles cognitifs. Toutefois, rien de tel n’a été prouvé chez l’homme. Pour le Pr Raoult, c’est clair : « Les édulcorants ne seront jamais aussi dangereux que le sucre, même si l’idéal serait de ne consommer ni l’un ni l’autre. »

Les ondes électro-magnétiques sont cancérigènes

FAUX  Téléphones portables et lignes à haute tension provoqueraient des tumeurs au cerveau et des leucémies... Toutefois, « aucune preuve de lien avec le cancer n’a été apportée par la science », rétorque le médecin.
Ces peurs, souvent très exagérées, trouveraient leur origine dans notre biologie : « Notre cerveau est très réceptif aux scénarios catastrophes, explique le scientifique, car, comme les animaux, nous avons développé une très grande sensibilité au danger, ce qui a probablement permis la survie de notre espèce. » La peur nous ferait donc du bien !

L’alcool est mauvais pour la santé

VRAI et FAUX  Ses effets contrastés : il protège contre l’infarctus du myocarde et les AVC. Mais consommé excessivement, il favorise la cirrhose et le cancer du foie, et est responsable de nombreux accidents. Pourtant, en 2011, une grande étude reprenant plus de 100 travaux antérieurs a conclu qu’une consommation modérée de vin (jusqu’à 4 verres par jour, soit 40 g d’alcool) augmentait l’espérance de vie des buveurs. « L’effet le plus favorable est observé pour une consommation de 2,5 verres », précise le professeur.

L’e-cigarette est nocive

FAUX  Certains s’inquiètent des risques potentiels que présente ce substitut à la cigarette, semant le doute et décourageant une partie des fumeurs d’y recourir. « Cette nouvelle technologie ne sera jamais aussi nocive que le tabac, qui comporte de nombreuses substances toxiques, souligne le Pr Didier Raoult. Il tue un fumeur sur deux, tandis que la cigarette électronique leur permet d’arrêter le tabac du jour au lendemain. »

Les antalgiques tuent

VRAI  « L’homme moderne n’accepte plus la douleur », constate le médecin. Ce refus de la souffrance a entraîné une surconsommation considérable de médicaments antidouleur dans les pays développés (notamment des médicaments légaux dérivés de l’opium). Les États-Unis ont d’ailleurs estimé que ces produits causent la mort de 15 000 personnes chaque année et figurent parmi les dix premières causes de décès !

Il existe des légumes anticancer

FAUX  Contrairement à ce que l’on peut lire dans certains ouvrages, « il n’a jamais été scientifiquement prouvé que les brocolis, les betteraves ou autres légumes permettent de réduire les risques de cancer ». Toutefois, leurs vitamines, fibres et minéraux sont excellents pour la santé.

Le lait protège de l’ostéoporose

FAUX  Encore une idée reçue ! « Seul le sport et l’exposition au soleil sont bénéfiques pour renforcer les os, rappelle le médecin. Le lait n’est pas particulièrement bon pour la santé des adultes. Et son apport en calcium n’a pas un rôle déterminant, car les carences dans ce domaine sont rarissimes dans les sociétés occidentales. On en trouve par ailleurs dans les végétaux (choux, brocolis...) et l’eau. Inutile donc d’ingurgiter trois à quatre laitages par jour !

La grippe aviaire est fatale pour les humains

FAUX  Apparue en Chine en 1997, le virus H5N1 est une zoonose (maladie animale transmissible à l’homme). Lors d’une épidémie, les vétérinaires abattent tout l’élevage infecté pour circonscrire le mal. Des contaminations d’hommes en contact rapproché avec ces animaux se sont produites en Asie, en Europe et en Afrique. Toutefois, ce type de transmission est très rare. Et contrairement aux prédictions scientifiques réalisées à l’aide de modèles mathématiques, la maladie n’est pas devenue transmissible d’homme à homme et elle a fait peu de victimes, bien que de nombreuses personnes aient été infectées. Rien à voir avec la grippe espagnole de 1917 !

Florence Heimburger

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